Le charismatique Chris Christie a été facilement réélu mardi gouverneur du New Jersey, un succès qui le rend incontournable chez les républicains américains pour la prochaine élection présidentielle en 2016.

M. Christie, 51 ans, gouverneur depuis janvier 2010, a écrasé comme prévu son adversaire démocrate Barbara Buono, avec quelque 60% des voix, selon des résultats encore partiels, 12 points de plus que son score de 2009.

«Vous avez fait de moi l'homme le plus heureux du monde», a-t-il déclaré après sa victoire, entouré de sa femme et de leurs quatre enfants, remerciant ses supporters pour cette «grande, grande victoire».

«Je n'ai pas brigué un deuxième mandat pour faire des petites choses, j'ai brigué un deuxième mandat pour finir le travail», a-t-il ajouté.

Par rapport à 2009, M. Christie a progressé notamment chez les femmes, les Hispaniques et les Noirs, trois groupes que les républicains au niveau national ont du mal à séduire.

Quelque 94% des républicains, 64% des indépendants, et même 30% des démocrates de son État avaient confié vouloir voter pour cette forte personnalité bourrée d'énergie, au franc parler décapant et à l'empathie télégénique.

Sa capacité à rassembler et à gagner dans un État démocrate n'a pas échappé aux stratèges, alors que les républicains, profondément divisés, sont au plus bas dans les sondages, après la récente crise du budget à Washington poussée par sa mouvance la plus extrême du Tea Party.

M. Christie a d'ailleurs égratigné au passage mardi ses collègues de Washington, leur recommandant de regarder ce qui se passait dans son État.

Sauveur du parti?

Et le débat fait déjà rage sur sa place dans l'élection présidentielle de 2016.

Christie peut «sauver notre parti», avait déclaré dimanche Mitt Romney, candidat républicain malheureux en 2012 contre Barack Obama.

«Paul Ryan, Jeb Bush, Marco Rubio - il y a une longue liste de gens très capables. Mais Chris Christie se détache comme l'une des lumières les plus fortes du parti républicain», avait-il ajouté lors de l'émission politique Meet the Press.

Jusqu'à présent, l'intéressé, républicain modéré, a préféré éluder.

Mais chacune de ses décisions est passée au décodeur politique.

En février dernier, cet obèse infatigable se fait poser un anneau gastrique pour perdre du poids. «Une question de santé à long terme», affirme-t-il. «Maison-Blanche 2016», susurrent les commentateurs.

Peu après l'ouragan Sandy, il déambule en veste polaire sur les côtes ravagées de son État aux côtés du président Obama, juste avant l'élection présidentielle. L'aile dure de son parti s'étrangle de rage, mais sa côte de popularité grimpe.

En janvier 2013, il étrille la majorité républicaine à la Chambre des représentants, pour avoir traîné à voter une aide financière pour les victimes de Sandy. Fin mai, il est encore aux côtés du président Obama venu saluer les progrès de la reconstruction sur la côte de son État.

Certains auraient aimé qu'il se lance dans la course présidentielle face à Obama en 2012, mais M. Christie, avait décliné. Ce qui ne l'a pas empêché d'être l'un des orateurs phare à la convention républicaine l'an dernier.

M. Christie, marié depuis 27 ans est hostile à l'avortement, mais n'en parle que rarement. Il est également opposé au mariage homosexuel, mais a accueilli avec pragmatisme la décision d'une juge exigeant que ces mariages soient autorisés dans son État. Il a d'abord fait appel, puis a retiré son appel le 21 octobre, le jour même où étaient célébrés les premiers mariages, estimant qu'il n'avait aucune chance de gagner.

Il a de la même façon signé une loi renforçant les contrôles des armes dans le New Jersey après le massacre de Sandy Hook en décembre dernier.

Et ces derniers jours, il a reconnu que sa réélection enverrait un message dépassant son seul État.

«Je ne m'y prépare pas, mais je pense que c'est inévitable», a-t-il déclaré alors qu'on lui demandait s'il se préparait à un message «dépassant le New Jersey».

«Les gens regardent les élections, et essaient de discerner ce qu'elles veulent dire (...) pour l'avenir. Et je pense que ce que les gens vont voir est tellement inhabituel par rapport à ce que notre parti a créé ces deux dernières années qu'ils vont en tirer des leçons», a-t-il ajouté. «Et j'espère qu'ils le feront».