La diffusion par Bradley Manning de documents classifiés sur les détenus de Guantanamo n'a pas mis en danger la sécurité nationale américaine, a affirmé mardi un ancien procureur témoin au procès de la «taupe» de WikiLeaks.

«À part embarrasser le pays en diffusant (ces documents), je ne vois pas comment l'ennemi peut en avoir tiré bénéfice», a déclaré à la cour Morris Davis, ancien procureur en chef chargé de poursuivre les détenus de la prison américaine de Cuba.

La défense de Bradley Manning, qui avait remis plus de 700 documents sur les détenus soupçonnés d'appartenir à al-Qaïda à WikiLeaks - qui les avait ensuite mis en ligne - s'efforce de montrer que ses agissements n'ont pas mis en danger les États-Unis, comme l'accusation l'affirme.

Les documents en question, bien que classifiés, contenaient de simples informations biographiques par ailleurs aisément accessibles pour le public, a plaidé le témoin.

«S'ils (les membres d'al-Qaïda) essaient de gagner un avantage stratégique ou tactique, ce n'est pas avec ça qu'ils vont y arriver», a-t-il estimé.

L'accusation, qui avait auparavant fait comparaître un général pour qui les «Guantanamo papers» pouvaient avoir nui aux intérêts américains, a remis en question les qualités de l'ancien procureur à évaluer une menace contre la sécurité nationale.

Manning a reconnu avoir transmis à WikiLeaks plus de 700 000 documents classifiés, notamment de nombreux câbles diplomatiques. Mais il conteste 21 chefs d'accusation, dont le plus grave, celui de «collusion avec l'ennemi» - en l'occurrence al-Qaïda - qui lui fait encourir la réclusion à perpétuité.

L'issue de son procès devant la cour martiale réunie à Fort Meade, au nord de Washington, repose en partie sur les intentions du jeune homme quand il a violé le secret-défense, l'accusation devant prouver qu'il avait conscience que ces documents pouvaient tomber dans les mains d'al-Qaïda.

Lundi, Lauren McNamara, un autre témoin de la défense qui avait correspondu avec Manning lors d'un clavardage sur internet en 2009, a rapporté que le jeune analyste de renseignement en Irak disait espérer que ses nombreuses lectures des documents, par la suite transmis à WikiLeaks, aideraient à sauver des vies en Irak.

«Je peux mettre en application ce que j'apprends, en fournissant plus d'informations à mes officiers et commandants, et ainsi espérer sauver des vies», lui avait confié Manning, a-t-elle rapporté.

Bradley Manning se souciait de la sécurité des troupes américaines, de celle des employés de sociétés de sécurité privée et de celle des Irakiens, a-t-elle encore soutenu.