Les républicains de la Chambre des représentants ont déposé lundi un texte permettant de financer l'État fédéral américain jusqu'à fin septembre et d'éviter ainsi la crise qu'aurait suscité une fermeture des services publics non essentiels le 27 mars.

La mesure, sur laquelle la Chambre votera «probablement» jeudi, selon une porte-parole républicaine, n'annule pas les coupes budgétaires automatiques entrées en vigueur vendredi dans l'ensemble des agences gouvernementales.

Mais la défense, dont le budget sera raboté de 42,7 milliards de dollars sous l'effet de cette rigueur forcée, verra son budget «opérations et maintenance» augmenté par anticipation d'environ 10 milliards, pour atténuer l'impact sur les fonctions militaires cruciales.

«La mesure permettra d'éviter une fermeture de l'État le 27 mars, de donner la priorité aux programmes de défense et aux anciens soldats, et donnera au Pentagone un peu de flexibilité pour faire de son mieux avec le budget dont il dispose», a déclaré le président de la commission chargée de répartir les dépenses, Hal Rogers, dans un communiqué.

Au total, les nouvelles dépenses autorisées par ce texte réduiraient les dépenses normales de l'État fédéral à 984 milliards de dollars durant l'exercice budgétaire 2013, selon une estimation publiée mardi par le Bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme public indépendant. A cette somme s'ajoutent les dépenses exceptionnelles de guerre et liées aux catastrophes naturelles, et les gigantesques programmes sociaux (retraite, santé), pour un total de 3.519 milliards.

Le texte ne règle toutefois pas l'aspect aveugle des coupes automatiques, qui viendront toujours raboter le budget de chaque programme, quelle que soit son importance (sécurité, contrôle aérien ou parcs naturels).

«Cela ne rend pas les coupes automatiques plus rationnelles: elles restent aussi bêtes qu'avant. Seul le point de départ de la défense est un peu plus intelligent», commente pour l'AFP Richard Kogan, expert du budget au Center on Budget and Policy Priorities.

Aux États-Unis, l'État fédéral ne peut rien dépenser sans avoir reçu d'autorisation préalable par un vote du Congrès.

Mais, divisé, les élus n'ont pas voté de budget en bonne et due forme depuis 2009, et se contentent de voter des autorisations temporaires de quelques mois calquées sur le rythme des dépenses de la période précédente.

En septembre, ils ont voté pour financer l'État jusqu'au 27 mars. Un nouveau vote est impératif d'ici cette date-butoir.

Fin 1995, des centaines de milliers de fonctionnaires avaient été mis 21 jours en congé sans solde à cause d'un conflit budgétaire entre la Chambre, contrôlée par les républicains, et le président démocrate Bill Clinton.