Le prêcheur islamiste radical Abou Hamza, extradé aux États-Unis pour terrorisme, a plaidé mardi à New York non coupable devant une juge fédérale qui a fixé son procès au 26 août 2013.

Extradé du Royaume-Uni dans la nuit de vendredi à samedi après une bataille judiciaire de plusieurs années, l'ancienne figure de proue du «Londonistan» est apparu devant le tribunal en tenue bleu marine de prisonnier, longue barbe et cheveux blancs rasés, toujours privé des prothèses qui lui servent de mains.

L'ancien imam borgne de la mosquée londonienne de Finsbury Park aux prêches enflammés, ne s'est pas levé au début de l'audience, quand l'assistance est invitée à le faire.

Peu après, son nouvel avocat Jeremy Schneider a déclaré qu'il plaidait non coupable, ce qu'Abou Hamza, 54 ans, a confirmé d'un «oui votre honneur» en hochant la tête, à la demande de la juge fédérale Katherine Forest.

Onze chefs d'inculpation ont été retenus contre lui aux États-Unis, dont prise d'otages et activités terroristes.

La juge a affirmé qu'elle voulait une date de procès «aussi rapide que possible». Mais face à l'insistance de l'avocat, qui réclamait du temps pour se préparer, elle a finalement arrêté la date du 26 août 2013.

M. Schneider a précisé qu'Abou Hamza préférait désormais être identifié comme Mustafa Kamel Mustafa, l'un des patronymes figurant dans l'acte d'accusation.

Selon l'accusation, le dossier d'Abou Hamza compte quelque 8.500 documents, et au moins 24 DVD, et le procès devrait durer de six à huit semaines.

«Il traverse un moment difficile», a déclaré l'avocat après l'audience, soulignant qu'il travaillait notamment à la mise en place d'une solution pour qu'Abou Hamza puisse récupérer ses prothèses.

On les lui donne apparemment «une partie de la journée», mais «pas assez longtemps», a précisé l'avocat.

Prêches enflammés suivis par Richard Reid

Abou Hamza, né en Égypte et naturalisé Britannique, inculpé en 2004 aux États-Unis, est accusé d'avoir contribué à l'enlèvement de 16 touristes dont deux Américains au Yémen en 1998. Quatre avaient été tués lors d'une opération militaire pour les libérer.

Il est également accusé d'avoir été impliqué dans un projet de camp d'entraînement dans le nord-ouest aux États-Unis en 1999, et d'avoir aidé à financer des candidats au jihad désireux de se rendre en Afghanistan.

Dans les années 90, ses prêches enflammés avaient en leur temps été suivis à Londres par le Britannique Richard Reid, emprisonné à vie aux États-Unis pour avoir voulu faire exploser un avion avec des chaussures piégées en décembre 2001.

Le Français Zacarias Moussaoui, également condamné à la réclusion à perpétuité aux États-Unis en liaison avec les attentats du 11-Septembre, serait lui aussi allé l'écouter.

Mardi, deux autres co-accusés extradés avec lui, Adel Abdul Bary, un Égyptien de 52 ans, et Khaled Al-Fawwaz, Saoudien de 50 ans, ont également comparu devant un autre juge fédéral new-yorkais, qui a fixé leur procès au 7 octobre 2013. Les deux hommes qui avaient plaidé non coupables samedi, quelques heures après leur arrivée aux États-Unis, étaient présents, également en tenue marine de prisonnier. Ils n'ont rien dit.

La justice américaine les accuse de complot avec Al-Qaïda en vue de tuer des Américains. Bary est accusé de meurtres, pour les attentats contre les ambassades américaines de Dar-es-Salaam et Nairobi en 1998, qui avaient fait 224 morts.