La fusillade qui a visé dimanche un temple sikh du Wisconsin endeuille une communauté dont les membres sont souvent pris pour des musulmans radicaux en raison de leur turban et de leur barbe, et qui est depuis le 11-Septembre souvent victime de racisme.

Les autorités enquêtaient lundi pour connaître les motivations de l'auteur présumé de la tuerie commise à Oak Creek dans la banlieue de Milwaukee, identifié comme étant un ancien militaire blanc âgé de 40 ans, qui a tué six personnes avant d'être abattu par la police.

Les sikhs, qui portent un turban et la barbe, sont souvent pris pour des musulmans et font l'objet d'attaques racistes à ce titre aux États-Unis, notamment depuis le 11-Septembre. Ils sont entre 500 000 à 700 000 aux États-Unis.

Selon les représentants de la Sikh Coalition à Washington, ils auraient été victimes d'actes racistes à 700 reprises depuis les attentats de 2001.

La religion sikhe, fondée il y a cinq siècles en Inde, exige des hommes qu'ils portent la barbe et un turban, et leur interdit de se couper les cheveux.

L'attaque d'Oak Creek est la plus importante de l'histoire récente perpétrée contre cette communauté religieuse, a indiqué à l'AFP Kavneet Singh, directeur général du Fonds américain de défense des sikhs.

«C'est une vraie tragédie pour ces gens attaqués dans leurs maisons ou leurs lieux de culte dans un pays fondé sur la liberté religieuse, les droits civiques et les droits de l'homme», déplore M. Singh.

Quelques signes de reconnaissance

En 2001, quatre jours après le 11-Septembre, Balbir Singh Sodhi, propriétaire d'une station-service dans l'Arizona, avait été assassiné par un homme qui affirmait vouloir tuer un musulman.

Le meurtre avait alors été largement condamné, mais une dizaine d'années plus tard, un avocat de l'Arizona a essayé d'effacer le nom de la victime d'un mémorial du 11-Septembre de cet État, affirmant que les crimes racistes après 2001 étaient un mythe.

Les actes de violence sont pourtant devenus depuis si nombreux qu'une centaine de magistrats ont demandé en avril au département américain de la Justice de recenser les données sur ces actes racistes.

Et plus généralement, les membres de la communauté sikhe se plaignent d'être régulièrement stigmatisés, citant des insultes proférées à l'école ou regrettant de devoir subir la fouille de leurs turbans à l'aéroport.

Cette année, une famille sikhe de Virginie (est), dans la banlieue de Washington, a reçu une lettre la menaçant de violences si elle ne quittait pas les États-Unis. Un temple sikh en construction dans le Michigan a aussi été vandalisé.

L'an dernier, deux personnes âgées de cette communauté ont été tuées dans la banlieue de Sacramento, en Californie (ouest), là où quelques mois plus tôt un chauffeur de taxi sikh avait été battu par des assaillants hurlant des injures racistes.

Pour autant, les sikhs américains ont reçu récemment quelques signes de reconnaissance. Le président Barack Obama a introduit pour la première fois en 2009 à la Maison-Blanche la célébration de la naissance du fondateur de cette religion, Guru Nanak.

L'armée américaine a commencé à autoriser les sikhs à servir en uniforme tout en gardant leurs signes religieux et en mai, Washington est devenue la première grande ville américaine à permettre à des sikhs enturbannés d'exercer comme policiers.

Après la tuerie dimanche, Obama a exprimé sa peine et loué la communauté sikhe qui «enrichit» les États-Unis. Le candidat républicain à la Maison Blanche, Mitt Romney, a également condamné la tuerie, «une tragédie qui ne devrait jamais se produire dans aucun lieu de culte».