La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, est arrivée dimanche à Calcutta, pour une visite en Inde de trois jours visant à relancer des relations qui ont perdu de leur élan en dépit d'années d'efforts de rapprochement entre les deux plus grandes démocraties du monde.

Mme Clinton a été accueillie par des habitants agitant des messages de bienvenue dans les rues de Calcutta (est), où elle devait visiter des monuments et rencontrer des citoyens ordinaires, usant de sa popularité personnelle comme atout diplomatique.

Elle se rendra lundi à New Delhi pour des discussions avec le Premier ministre, Manmohan Singh, et plaider pour que l'Inde cesse d'acheter du pétrole iranien, l'un des sujets de désaccords les plus flagrants entre les deux pays au cours des dernières années.

Sa visite coïncide avec l'arrivée cette semaine d'une importante délégation iranienne, qui vient chercher en Inde des perspectives commerciales pour atténuer l'impact des sanctions américaines.

Mme Clinton a dit avoir relevé d'importants progrès dans les relations avec l'Inde, en citant une hausse des échanges commerciaux et de la coopération dans des secteurs allant de l'éducation à l'énergie verte.

«Je pense que c'est comme toute relation, il y a des progrès dans certains domaines qui nous encouragent, et il y a encore du travail à accomplir», a déclaré la secrétaire d'État avant son arrivée à Calcutta.

«Mais c'est l'engagement que nous faisons quand nous disons à un autre pays que nous voulons être leur partenaire», a-t-elle ajouté.

Lors de son dernier passage en Inde l'an passé, Hillary Clinton avait appelé l'Inde à occuper un plus grand rôle dans le monde et soutenu que la relation américano-indienne façonnerait le XXIe siècle.

Mais l'élan s'est depuis tassé, certains parlementaires américains n'hésitant pas à reprocher au pays de continuer à acheter du pétrole à l'Iran en dépit des menaces de sanctions américaines liées au programme nucléaire controversé de Téhéran.

Le patronat américain s'agace lui que l'Inde rechigne à s'ouvrir aux géants de la distribution.

Les deux géants, qui ont entretenu des relations difficiles pendant la Guerre froide, ont pris le chemin de la réconciliation à la fin des années 1990 sous l'ère de Bill Clinton. Le rapprochement s'est poursuivi avec le président George W. Bush, qui permit à l'Inde de sortir de décennies d'isolement nucléaire.

Un haut responsable américain voyageant avec Mme Clinton a reconnu que l'Inde avait réduit doucement ses importations de brut iranien et que New Delhi, qui défend avec acharnement sa souveraineté, ne pouvait pas être vu comme un pays cédant sous la pression américaine.

«L'Inde fait de bons progrès, mais nous voulons vraiment recevoir des assurances (garantissant) qu'ils vont continuer à faire de bons progrès», a commenté cette source sous couvert d'anonymat.

L'Inde dépend fortement de l'approvisionnement énergétique étranger et le pays entretient des relations amicales avec l'Iran depuis des années.

Mais selon ce haut responsable américain, les hommes d'affaires indiens ont fait «un pari stratégique majeur» en poursuivant de bonnes relations avec les États-Unis et ils n'ont aucune envie de compromettre ce pari à cause de l'Iran.

T.P. Sreenivasan, un ancien ambassadeur de l'Inde aux Nations Unies, estime que les attentes concernant les relations bilatérales n'ont pas été comblées, mais que Mme Clinton peut capitaliser sur son image d'amie de New Delhi.

Sa visite «intervient en temps utile, car il y a un certain nombre de tensions dans les relations qui doivent être apaisées», juge cet observateur pour qui les relations ont perdu de leur élan, en partie parce que les deux pays sont préoccupés par leurs problèmes intérieurs».

Selon C. Raja Mohan, un expert au sein d'un groupe de réflexion, la Observer Research Foundation, Delhi et Washington ont le même objectif concernant l'Iran et les deux puissances veulent «maintenir leurs différences à des limites maîtrisables».