Aux cris de «Vous nous représentez, faites votre travail!», des centaines de personnes venues de tous les États-Unis ont manifesté mardi à Washington et essayé de rencontrer leurs élus dans leurs bureaux du Capitole, pour l'emploi et contre les coupes budgétaires.

La manifestation, sous le slogan «Reprenons le Capitole», donnait le départ de trois jours de mobilisation pour l'emploi et contre les inégalités sociales, à l'appel de dizaines d'organisations, associations ou syndicats comme l'American Dream Movement, US Action ou les syndicats SEIU et AFL-CIO.

Les protestataires avaient convergé vers Washington dès lundi, en bus, en voiture ou en avion, pour rallier le «Camp du Peuple», une quinzaine de tentes blanches déployées sur l'immense esplanade du Mall, dominée par la coupole du Congrès et à quelques centaines de mètres de la Maison-Blanche.

Mardi matin, des dizaines de petits groupes de manifestants, venus du Wisconsin, du Kansas, de Floride ou de l'Ohio, sont entrés pacifiquement dans les bâtiments entourant le Capitole, pour rencontrer leurs élus dans leurs bureaux.

«Nous sommes ici pour demander des lois sur l'emploi», a déclaré à l'AFP John Reat, 62 ans, de Columbus (Ohio), un informaticien au chômage qui faisait partie d'une délégation souhaitant parler à John Boehner, le président républicain de la Chambre des représentants.

Le président Barack Obama tente actuellement de faire passer devant le Congrès des mesures faisant partie d'un plan emploi de 447 milliards de dollars.

Les États-Unis comptent un peu plus de 13 millions de chômeurs. Le taux de chômage du pays, à 8,6% au mois de novembre, n'avait plus été inférieur à 9% --à l'exception des mois de février et mars 2011-- depuis mai 2009.

Mais la baisse récente du taux de chômage s'explique entre autres par le découragement des chômeurs qui ne s'inscrivent plus sur les listes de demandeurs d'emploi.

«Nous voulons que les 1% les plus riches soient taxés davantage, et qu'il n'y ait pas de coupes budgétaires touchant les retraites ou la santé», a ajouté M. Reat, vêtu en costume-cravate pour défier les stéréotypes sur les manifestants «paresseux ou drogués».

«Je préfèrerais être au travail», a-t-il indiqué à l'AFP, «mais aujourd'hui dans ce pays, l'écart entre les riches et les pauvres augmente de plus en plus. Quand on perd son travail, on perd son assurance santé. Si on a un pépin de santé, on siphonne ses économies, et puis on perd sa maison. Ce n'est pas juste», dit-il.

La délégation a été tenue à l'extérieur du bureau de M. Boehner, absent car en séance, selon un assistant.

Un étage plus haut, une délégation tentait, en vain elle aussi, de rencontrer le représentant républicain du Wisconsin Paul Ryan, absent, selon un assistant qui gardait la porte du bureau.

«C'est un des États qui a le plus fort taux de chômage», a indiqué Rachel Matteson, originaire de Milwaukee, la plus grande ville de l'État, fraîchement sortie de l'université et sans emploi. «Vous avez été élus pour nous représenter. Faites votre travail!», lançait devant la porte close Sarah Wagner, une chômeuse du même État.

«Nous sommes les 99%, et il a choisi de représenter les 1% plus riches», ajoutait Maria Morales, reprenant le slogan symbolique des anti-Wall Street.

De nouvelles manifestations sont prévues mercredi dans le quartier d'affaires autour de K Street, au coeur de la capitale américaine et de nouveau jeudi au Capitole.

Elles associeront des centaines de manifestants anticapitalistes des divers mouvements d'occupations, venus des plus grandes villes américaines où ils avaient monté en octobre des campements, aujourd'hui souvent démantelés.