Le jeune Nigérian qui a tenté de faire sauter le vol Amsterdam-Detroit en cachant des explosifs dans son slip a plaidé coupable mercredi, mettant fin à son procès devant la justice américaine qui va l'envoyer à perpétuité derrière les barreaux.

La décision très inhabituelle d'Umar Farouk Abdulmutallab, 25 ans, a suscité des exclamations de surprise dans la salle d'audience de Detroit, où le procès du jeune homme s'était ouvert la semaine dernière et aurait dû se poursuivre pendant plusieurs semaines.

Elle signifie que la juge Nancy Edmunds n'a plus qu'à fixer la peine, qu'elle annoncera le 12 janvier. Mais plusieurs des huit chefs d'inculpation sont passibles d'une peine minimum de 30 ans de prison, à purger consécutivement. Umar Farouk Abdulmutallab finira donc sa vie en prison.

Lors de l'audience, Mme Edmunds s'est efforcée à plusieurs reprises de s'assurer qu'Abdulmutallab avait bien compris les conséquences de son choix.

Elle lui a lu chacun des chefs d'inculpation portés contre lui à la suite de l'attentat raté le jour de Noël 2009. À chaque fois, l'accusé, qui avait refusé de prendre un avocat afin de se défendre seul, a répondu: «je plaide coupable».

Dans sa déclaration, Abdulmutallab est revenu brièvement sur les événements du 25 décembre 2009 afin de convaincre la juge qu'il était effectivement coupable. Lisant debout et d'une voix calme son texte qu'il avait préparé, vêtu d'une tunique dorée et d'une veste, il a confirmé avoir subi un entraînement auprès d'Al-Qaïda au Yémen.

«Quelqu'un vous a-t-il dit que je ferais preuve d'indulgence à votre égard si vous plaidiez coupable?» a demandé la juge. «Non», a répondu l'accusé, poursuivi pour l'attentat qui aurait pu coûter la vie aux 289 personnes à bord du vol 253 de la Northwest Airlines.

Les explosifs qu'il avait dissimulés dans son slip n'avaient pas explosé, mais simplement pris feu. L'homme avait été maîtrisé par des passagers et l'équipage juste avant l'atterrissage à Detroit.

Abdulmutallab avait alors avoué aux autorités américaines qu'il entendait commettre un attentat au nom d'Al-Qaïda, dont le chef, Oussama ben Laden, avait revendiqué cette action ratée.

La procédure du plaider-coupable permet en général à un accusé d'obtenir une peine moins lourde, qui se négocie directement entre la défense et l'accusation. Mais cette procédure se déroule habituellement au début de l'enquête et permet d'éviter un procès.

Selon Anthony Chambers, un conseiller juridique commis d'office au jeune Nigérian, ce dernier a voulu aller jusqu'au procès afin de prononcer une déclaration qui ait le plus de retentissement possible.

«Je suis coupable au regard du droit américain, mais pas au regard du coran», a asséné le jeune homme lors de cette déclaration de six minutes, disant avoir voulu venger les musulmans victimes selon lui de la politique américaine de la Palestine à la Somalie.

«Les États-Unis doivent savoir que s'ils continuent à promouvoir le blasphème de Mahomet et à tuer et à soutenir ceux qui tuent d'innocents musulmans, une grande catastrophe les attend de la part des moudjahiddine (combattants) ou de Dieu», a-t-il assuré.

M. Chambers a dit regretter la décision d'Abdulmutallab, expliquant qu'il avait espéré que certaines accusations soient levées lors du procès.

«Aucun avocat ne recommandera de plaider pour une peine de prison à vie sans possibilité de libération anticipée», a-t-il déclaré à la presse à la sortie du tribunal.

L'attentat manqué avait eu des répercussions considérables, notamment des fouilles au corps controversées dans les aéroports et un élargissement notable de la liste des personnes interdites de prendre l'avion vers les États unis.