Le tribunal de Detroit a revécu mardi la panique à bord du vol en provenance d'Amsterdam le jour de Noël 2009, à l'ouverture des débats du procès du jeune Nigérian accusé d'avoir dissimulé des explosifs dans ses sous-vêtements.

Umar Farouk Abdulmutallab, 24 ans, est accusé d'avoir voulu tuer les 279 passagers du vol Amsterdam-Detroit. Poursuivi pour huit chefs d'inculpation, il risque la prison à vie.

«Tous les passagers du vol avaient pour projet d'aller quelque part. Tous, sauf un: Umar Farouk Abdulmutallab», a déclaré le procureur Jonathan Tukel dans sa déclaration préliminaire du procès qui devrait durer plusieurs semaines.

L'accusé «accomplissait une mission pour Al-Qaïda. Sa mission, son objectif, la seule raison de sa présence à bord du vol 253 était de le faire sauter», a ajouté le procureur. «Il pensait qu'il finirait au paradis parce qu'il serait mort en martyr».

L'accusation a raconté que peu avant l'atterrissage, le jeune homme s'était rendu aux toilettes afin de se purifier, après avoir prié et jeuné pendant le vol. Regagnant son siège, il s'était caché sous une couverture, avait baissé son pantalon et mélangé à l'aide d'une seringue, un produit détonnant aux explosifs dissimulés dans son slip.

Le premier témoin, un passager qui était assis derrière lui durant le vol,  a fait sa déposition sans croiser le regard de l'accusé. Mike Zantow, a raconté à la cour avoir entendu comme l'explosion d'un pétard. Le silence a régné pendant une trentaine de secondes avant que la panique s'empare de l'appareil lorsque de la fumée a commencer à s'élever depuis les jambes d'Abdulmutallab.

Un autre passager s'est écrié «hé mec, y a ton pantalon qui brûle!», a raconté le témoin, ajoutant qu'il avait vu quatre personnes sortir le Nigérian de son siège avec son pantalon aux chevilles et les parties intimes en feu.

L'accusé, vêtu d'une tunique bleue et d'un bonnet, a paru calme en écoutant les débats, affalé dans son siège. Il n'a pas prononcé de déclaration préliminaire mardi.

Le procureur s'est efforcé de démontrer que l'accusé était lié à Al-Qaïda, notamment à Anwar al-Aulaqi, l'imam tué fin septembre au Yémen lors d'une frappe américaine. Il a montré aux jurés une vidéo antérieure à l'attentat raté dans laquelle l'accusé appelle ses «frères musulmans dans la péninsule arabique» à «répondre à l'appel du jihad, car l'ennemi se trouve sur votre sol».

Oussama Ben Laden avait revendiqué la responsabilité de cet attentat-suicide raté.

Les premières séances du procès entamées le 4 octobre ont été consacrées à la sélection du jury populaire.

L'accusé a exprimé l'intention de faire venir à la barre un des passagers du vol, Kurt Haskell, qui affirme avoir vu un homme escorter Farouk Abdulmutallab à l'aéroport et lui faire passer les contrôles de sécurité sans passeport.

Sur son blog, M. Haskell a assuré que le Nigérian s'était vu remettre une «fausse bombe» pour «mener une pseudo attaque terroriste», permettant à Washington de justifier ses guerres coûteuses et impopulaires.

L'attentat manqué a eu des répercussions considérables, notamment des fouilles au corps controversées dans les aéroports et un élargissement notable de la liste des personnes interdites de prendre l'avion vers les États-Unis.