L'idole ultraconservatrice américaine Sarah Palin a renoncé à la présidentielle de 2012, mais ne semble pas prête à abandonner son statut de «superstar» de la politique savamment entretenu depuis 2008 et sa candidature ultramédiatisée à la vice-présidence.

«Je continuerai à mener la discussion pour la liberté et la libre entreprise, y compris dans la course à la présidentielle», a écrit Sarah Palin jeudi soir dans un communiqué.

Elle a ensuite rappelé les bases de l'ultradroite américaine du Tea Party, en parlant «réduction du fardeau des impôts» et en se prononçant contre «l'étatisme afin de renforcer l'économie».

Mais plusieurs experts estiment que celle qui a été la colistière du républicain John McCain en 2008, est davantage intéressée par l'argent et la renommée que par la conduite des affaires du pays.

Depuis 2008, elle a occupé le terrain médiatique, allant jusqu'à animer elle-même une émission de télévision. D'un dîner privé chez les Nétanyahou à Jérusalem à un rassemblement de motards à Washington, elle a laissé se développer les spéculations sur son avenir politique.

«Je pense qu'elle va continuer à faire des discours et à gagner de l'argent. Je ne pense pas que cela aura une grande influence sur la campagne. Elle fera beaucoup d'apparitions médiatiques et deviendra encore plus riche qu'elle n'est déjà», estime John Pitney, professeur de sciences politiques à l'Université Claremont McKenna.

Norman Ornstein, du centre de réflexion conservateur American Enterprise Institute, est encore plus sévère et affirme: «je ne pense pas qu'elle était vraiment intéressée par une candidature, car c'est tout simplement trop de travail».

«Ce qu'il sera intéressant d'observer (...) c'est de savoir si elle va garder son statut de star», ajoute-t-il avant de préciser: «je pense qu'elle peut toujours s'en sortir, mais je crois que son cachet va péricliter».

«Elle a pris la bonne décision», affirme-t-il encore, en évoquant les sondages catastrophiques à son égard. Selon une enquête McClatchy-Marist publiée en septembre, 72% des républicains et centristes ne souhaitaient pas une candidature de Sarah Palin.

Dans un dernier sondage publié cette semaine par l'Université de Quinnipiac, elle apparaissait à 9% des intentions de vote dans le groupe des candidats à la primaire républicaine, loin derrière le favori Mitt Romney à 22%.

«Je pense qu'elle a mesuré ses chances et étant réaliste, elle doit avoir pris conscience de la difficulté extrême d'obtenir l'investiture», estime Stephen Hess du cercle de réflexion Brookings Institution.

John Pitney enfonce le clou: «c'est très simple, elle a pris conscience du fait qu'elle ne pouvait tout simplement pas gagner».

Mme Palin, qui a gouverné l'Alaska pendant deux ans et demi jusqu'en 2009, laisse par son retrait l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney et le gouverneur du Texas Rick Perry au rang de favoris pour tenter de déloger Barack Obama de la Maison-Blanche.

La représentante de la droite chrétienne Michele Bachmann, en perdition dans les sondages, reste la seule femme à concourir contre sept hommes.

L'annonce mercredi de Mme Palin selon laquelle elle ne serait pas candidate à la présidentielle intervient deux jours après celle de Chris Christie, gouverneur du New Jersey, qui a fait savoir qu'il ne serait pas candidat, malgré de nombreux encouragements de la base républicaine, dont l'engouement pour le duo de tête Romney-Perry est apparemment faible.

Un chiffre du sondage Quinnipiac traduit ce sentiment chez les électeurs républicains: 18% des personnes interrogées n'ont pas encore fait leur choix.