Les pompiers de New York, véritable institution chère au coeur des habitants de la ville, voient leur image ternie par des accusations de racisme portées à leur encontre lors d'un procès qui s'est ouvert cette semaine.

Déboulant dans les rues engorgées de monde de la Grosse Pomme à bord de leurs camions rouges clignotants et tonitruants, les pompiers sont plus qu'une icône à Manhattan.

Ils sont de véritables héros admirés pour leur professionnalisme et leur dévouement, en particulier depuis les attentats du 11 septembre 2001 au cours desquels 343 d'entre eux ont perdu la vie.

Mais leur réputation est mise à mal depuis l'ouverture cette semaine d'un procès portant sur de présumées pratiques racistes, devant un tribunal fédéral de Brooklyn, un quartier du sud-est de la ville.

Un groupe de pompiers noirs baptisé «Vulcan Society» a ainsi porté plainte pour dénoncer le parti pris systématique en faveur des blancs et demander au juge Nicholas Garaufis de changer la donne.

Pour Paul Washington, le capitaine qui a lancé cette bataille judiciaire, les pompiers de New York sont dans la même situation que la police de la ville il y a quelques années et il y a «de fortes chances que ce procès soit historique».

Face à l'état-major des pompiers qui nie toute pratique raciste, les plaignants avancent des chiffres montrant que, dans cette ville multiculturelle où 25% de la population est noire et 27% hispanique, les soldats du feu ne comptent que 3,4% de Noirs et 6,7% d'Hispaniques.

Il suffit de jeter un coup d'oeil aux camions déferlant dans la ville pour constater que les visages de ces héros restent en grande majorité blancs.

Le juge Garaufis a statué l'an dernier que les examens d'entrée pour rejoindre les pompiers étaient faussés au profit des candidats blancs.

Mais les chefs des pompiers assurent que des changements sont en cours et qu'une campagne de communication visant les minorités a lieu cet été en vue des examens d'embauche de janvier prochain.

Témoignant en ouverture du procès mardi, la responsable adjointe chargée du recrutement et de la diversité, Michele Maglione, a expliqué qu'un nombre record de personnes issues des minorités pourraient passer l'examen, organisé tous les quatre ans.

Des clips faisant la promotion du métier sont ainsi diffusés sur les radios préférées des Noirs et des Hispaniques tandis que des recruteurs se rendent tous les jours dans les quartiers plus défavorisés, à l'extérieur de Manhattan, armés de prospectus.

D'après Michele Maglione, les personnes intéressées par l'examen d'entrée comptent à ce stade 63% de Blancs, 20,7% d'Hispaniques, 12,9% de Noirs et 2,9% d'Asiatiques. En 2007, ces chiffres étaient respectivement de 73,1%, 15,2%, 8,3% et 2,3%.

«Nous faisons tout ce que nous pouvons», a-t-elle assuré devant le juge.

Sur le terrain, les recruteurs mettent en avant le fait que le métier de pompier peut certes être dangereux, mais permet de bien gagner sa vie (100 000 dollars par an après cinq ans d'ancienneté) et de bénéficier d'une confortable retraite.

Un pompier souligne toutefois que si la grande majorité des soldats du feu sont blancs, c'est aussi parce que «le métier se transmet de génération en génération».

Et «lorsque des enfants noirs voient des casernes de pompiers, ils voient des Blancs à l'intérieur. Ils ne se disent pas qu'ils pourraient un jour faire ce métier».

Annie Martinez, une New-Yorkaise de 47 ans d'origine cubaine, espère que les portes s'ouvriront pour son fils d'une vingtaine d'années qui rêve depuis tout petit de devenir pompier.

«J'espère qu'ils vont recruter plus de minorités maintenant», a-t-elle dit à l'AFP. «Mais il aura fallu du temps».