L'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, a démissionné vendredi, au moment où les États-Unis semblent préparer une nouvelle phase de leurs efforts pour raviver le processus de paix enlisé entre Israël et les Palestiniens.

Le président Barack Obama a rendu hommage dans un communiqué au «promoteur infatigable de la paix», rappelant que l'ancien sénateur s'était engagé pour deux ans quand il a accepté la mission en janvier 2009, à l'âge de 75 ans.

Il a également annoncé que l'émissaire adjoint David Hale assurerait l'intérim.

La nomination de M. Mitchell, au lendemain de l'investiture de Barack Obama, avait été un signe de l'importance accordée par la nouvelle administration à la paix entre Israël et les Palestiniens.

Mais en dépit des incessantes navettes du négociateur dans la région, les efforts américains se sont fracassés sur le refus des parties d'aboutir à un compromis suffisant pour relancer un dialogue direct entre elles.

La dernière tentative, lancée à Washington en septembre 2010, avait échoué moins d'un mois plus tard sur le refus d'Israël de prolonger un moratoire sur la colonisation juive en Cisjordanie.

L'administration américaine avait maintenu, pendant un temps, son objectif officiel d'aboutir à «une solution à deux Etats» à la fin de l'été 2011. Mais depuis le début de l'année, l'emploi du temps de George Mitchell était nettement allégé.

Son départ survient alors que M. Obama doit prononcer, le 19 mai au département d'Etat, un discours très attendu sur les révoltes dans le monde arabe et en Afrique du Nord.

La secrétaire d'État Hillary Clinton avait plaidé en avril que la reprise du dialogue entre Israël et les Palestiniens était «une nécessité immédiate» à la lueur de ces révoltes arabes. Elle avait suggéré au passage la possibilité d'une nouvelle approche de la politique américaine dans la région.

Que le processus de paix «soit une affaire extraordinairement difficile n'est une nouveauté pour personne», a observé vendredi Jay Carney, le porte-parole de la Maison-Blanche: «Mais il se trouve que c'est important, et le président a l'intention de continuer à y travailler».

Le 20 mai, au lendemain de son discours, M. Obama recevra le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, à qui des médias ont prêté l'intention de proposer son propre plan de paix.

Les Palestiniens, de leur côté, recherchent désormais activement la reconnaissance de leur État par l'assemblée générale de l'ONU. Tant les États-Unis qu'Israël redoutent cette initiative «unilatérale».

Le New York Times a affirmé en avril que la Maison Blanche comptait proposer un Etat palestinien dans les frontières de 1967, et que Jérusalem devienne la capitale commune à Israël et au futur Etat de Palestine. De même source, Washington écarterait l'option d'un «droit au retour» des réfugiés palestiniens.

Aucun élément plus récent n'a filtré quant aux intentions du président Obama. Mais nombre d'observateurs, aux Etats-Unis, pressent la Maison-Blanche de soumettre ses propres idées pour la paix.

«La démission du sénateur Mitchell souligne la nécessité, pour le président, de prendre en charge personnellement la politique américaine de paix au Proche-Orient», a encore commenté vendredi Ori Nir, le porte-parole d'Americans for Peace Now, une organisation juive américaine qui milite pour la solution à deux États.

Les émissaires, a-t-il ajouté, «ne peuvent se substituer à un engagement présidentiel personnel, qui est la seule façon d'obtenir une avancée vers la paix entre Israéliens et Palestiniens.»