«Si cette tragédie devait lancer un débat, assurons-nous que celui-ci soit digne de ceux que nous avons perdus.»

C'est avec ces mots que le président Barack Obama a honoré, mercredi soir, la mémoire des victimes de la tuerie de samedi.

Dans un discours de 33 minutes prononcé à Tucson devant plus de 14 000 personnes, le président a appelé les États-Unis à sortir grandis de cette tragédie.

Le président a évoqué en détail le parcours de chacune des victimes, et a paru particulièrement touché par la vie de Christina Taylor Green, 9 ans, née le 11 septembre 2001 et tuée alors qu'elle allait rencontrer Mme Giffords pour la première fois.

«Elle avait des notes exceptionnelles à l'école, et voulait être la première femme à jouer dans les ligues majeures de baseball», a-t-il dit.

«Dans un livre sur les enfants nés le 11 septembre 2001, Christina avait énuméré ses souhaits: «Je veux que tous les gens apprennent les mots de l'hymne national. Je veux qu'ils aident les autres. Je veux qu'ils sautent dans les flaques d'eau après la pluie.» «

«S'il y a des flaques d'eau au paradis, Christina a sauté dedans aujourd'hui», a dit M. Obama.



Giffords a ouvert les yeux

Le président a aussi parlé de la représentante Gabrielle Giffords, blessée à la tête, qu'il a pu visiter à l'hôpital avant la cérémonie.

«Quelques minutes après notre passage et le passage de ses amis et collègues du Congrès, Gabby a ouvert les yeux pour la première fois. Je peux vous dire qu'elle sait que nous sommes ici, que nous l'aimons et la soutenons dans cette difficile épreuve.»

M. Obama s'est adressé à une foule réunie dans un auditorium de basketball de l'Université de l'Arizona. L'endroit était rempli à craquer. Plus de 10 000 autres spectateurs ont dû être dirigés vers un stade de football adjacent.

Le président a dit que l'attaque était survenue alors que Mme Giffords et des citoyens «étaient devant un supermarché pour exercer leur droit de s'assembler publiquement et leur droit de libre expression».

«Le débat sur la place des armes dans la société ou des programmes pour traiter les gens atteints de maladies mentales est nécessaire et important. Mais il faut prendre une pause pour voir à ce que nous parlions d'une façon qui guérisse, et non d'une façon qui blesse. Nous ne pouvons pas utiliser cette tragédie pour nous en prendre les uns aux autres.»

M. Obama a également célébré la carrière du juge John Roll, qui s'est étalée sur plus de 40 ans.

D'autres interventions

Plusieurs personnes ont pris la parole, mercredi. Parmi eux, Daniel Hernandez, 20 ans, assistant de Mme Giffords, qui a été le premier à lui administrer les premiers soins, alors que la fusillade était toujours en cours, samedi matin. Le jeune homme a reçu une ovation à plusieurs moments durant la soirée.

«Je rejette l'étiquette de héros, a-t-il dit. Les vrais héros sont ceux qui consacrent leur vie à aider les autres, à la vie publique.»

Avant d'aller à la cérémonie, le président Obama et sa femme, Michelle, se sont rendus au Centre médical universitaire de Tucson, où ils ont pu rencontrer des victimes de la fusillade, de même que leurs proches, et le personnel médical. Au chevet de Gabrielle Giffords, les Obama ont pu s'entretenir avec son mari, l'astronaute Mark E. Kelly.

Plusieurs membres de l'administration Obama ont fait le voyage jusqu'à Tucson, dont le ministre de la Justice, Eric Holder, et la secrétaire à la Sécurité intérieure et ancienne gouverneure de l'Arizona, Janet Napolitano.

Le président Obama a offert au président de la Chambre des représentants, John Boehner, de l'accompagner à Tucson à bord d'Air Force One, mais ce dernier a décliné l'invitation.

Photo: AFP

Parmi les spectateurs présents à l'Université de l'Arizona, ce couple était visiblement ému.