Le compromis fiscal conclu entre le président américain Barack Obama et ses adversaires républicains a franchi une première étape décisive lundi au Sénat avec un premier vote favorable, malgré une bronca de l'aile gauche des démocrates du Congrès.

Les élus ont approuvé la clôture des débats sur le texte par 83 voix contre 15, grâce au soutien massif des républicains. Ce premier vote procédural ouvre la voie à un vote final mardi ou mercredi.

«J'exhorte la Chambre des représentants à agir rapidement sur ce dossier important», a dit le président Obama qui s'est félicité du résultat avant même la conclusion du vote qui a duré une partie de l'après-midi.

L'accord conclu par Barack Obama consiste à prolonger de deux ans, pour tous les Américains, les allégements fiscaux adoptés en 2001 et 2003 qui arrivent à expiration au 31 décembre. En échange, le président a obtenu la prolongation des allocations chômage qui sont arrivées à expiration.

Mais la pilule passe mal chez les démocrates les plus à gauche.

Initialement, le plan démocrate était de prolonger les allégements pour les seules classes moyennes, soit les ménages gagnant moins de 250 000 dollars par an, et non pour ceux qui gagnent davantage.

Le vote du Sénat met fin à toute tentative d'obstruction («filibuster») de la part des démocrates mécontents menés par le sénateur Bernie Sanders. L'élu indépendant qui vote habituellement avec les démocrates avait pris le flambeau de la révolte vendredi en parlant pendant huit heures et demie pour dénoncer la mesure. «Cela n'a aucun sens pour moi d'offrir d'énormes allégements fiscaux pour les millionnaires et les milliardaires alors que la dette nationale est en hausse et que nos enfants et petit-enfants vont devoir payer», a-t-il estimé lundi.

Au total, la mesure coûtera près de 858 milliards de dollars sur 10 ans, selon le bureau du Budget du Congrès (CBO).

A la Chambre des représentants, les leaders démocrates ont indiqué qu'ils demanderaient des changements au texte.

L'aile gauche des démocrates bien représentée à la Chambre se plaint notamment d'une réduction prévue de l'impôt sur les successions. Chris Van Hollen, l'un des responsables démocrates de la chambre basse, a qualifié dimanche cette dernière disposition de «cadeau fiscal de 25 milliards» qui profite à 6600 familles.

Or, toute modification du texte par la Chambre, qui risque de froisser les républicains, renverrait le compromis au Sénat alors que les parlementaires manquent déjà de temps pour terminer leurs travaux avant les congés de Noël.

En janvier, la nouvelle majorité républicaine issue des élections du 2 novembre s'installera à la Chambre. Au Sénat, les démocrates garderont la main, mais avec une majorité réduite à 53 sénateurs sur 100 au lieu de 58.

Le président Obama, accusé de faiblesse pour avoir cédé face au républicains, avait multiplié ces derniers jours les opérations de communication pour «vendre» le compromis aux démocrates et à l'opinion publique.

L'ancien président Bill Clinton est venu à sa rescousse vendredi à la Maison Blanche, en défendant l'idée que «cet accord, dans son ensemble, est le meilleur auquel nous puissions parvenir avec les deux partis».

Le chef de la majorité démocrate Steny Hoyer a indiqué lundi matin qu'il espérait que la Chambre termine le vendredi 17 décembre ses travaux sur la question fiscale «afin d'être à la maison pour Noël».