Le projet du pasteur américain Terry Jones de brûler des exemplaires du Coran samedi - jour anniversaire des attentats du 11 septembre - qui a suscité des protestations dans le monde entier, ne sera pas mené à son terme, a confirmé vendredi un de ses proches.

«Pour être clair, je voudrais confirmer à 100% qu'il n'y aura pas de corans brûlés demain (samedi, ndlr) à 18h comme c'était prévu», a déclaré lors d'une conférence de presse, K. A. Paul, un ami évangéliste du pasteur Terry Jones, chef d'un groupuscule chrétien intégriste d'une cinquantaine de fidèles de Gainsville.

Plus tard dans la soirée il a annoncé à l'AFP que Jones était parti pour New York où il entend rencontrer l'imam Feisal Abdul Rauf, à l'origine d'un projet controversé de construction d'une mosquée près de Ground Zero où se trouvaient les tours jumelles du World Trade Center, détruites le 11 septembre 2001.

«Le pasteur Jones n'est plus à Gainsville. Il s'est envolé pour New York et j'ai moi-même payé son billet et réservé une chambre pour lui ce soir à New York», a déclaré K.A. Paul.

Le pasteur, qui veut convaincre l'imam Feisal Abdul Rauf de renoncer à son projet, avait déclaré dans l'après-midi qu'il n'avait pas eu de nouvelles de sa part mais qu'il avait «toujours grand espoir de le rencontrer» et qu'il était convaincu que la rencontre aurait lieu samedi.

Il avait également redit son intention de ne pas mener à terme son autodafé. «Actuellement, nous avons l'intention de ne pas le faire», avait-il assuré sur la chaîne ABC.

Le pasteur avait annoncé jeudi qu'il abandonnait son initiative -- après avoir laissé planer une lourde incertitude -- en échange de la promesse que la mosquée ne se construirait pas à l'endroit prévu.

Mais l'imam Feisal Abdul Rauf a très vite démenti tout accord et a affirmé qu'il n'avait pas convenu de rencontrer le pasteur à New York.

«Nous voulons savoir (...) s'il est d'accord pour déplacer le site de la mosquée», avait indiqué M. Paul, sans toutefois dire ce que comptait faire le pasteur s'il ne rencontrait pas l'imam où si celui-ci n'acceptait pas de trouver un autre site où construire sa mosquée.

Après avoir qualifié de «geste destructeur», jeudi, le projet de brûler le Coran, le président américain Barack Obama a dit vendredi vouloir faire en sorte d'éviter que l'initiative du pasteur ne fasse des émules. Il a en outre appelé ses concitoyens à la tolérance religieuse et à «ne pas se tourner les uns contre les autres».

Dans le monde entier, protestations et mises en garde s'étaient multipliées face au projet du pasteur survenant à un moment particulièrement sensible, l'anniversaire du 11-Septembre coïncidant cette année avec la fin du ramadan.

Vendredi, des milliers d'Afghans ont protesté devant une base de l'Otan. Au Pakistan quelque 600 personnes ont manifesté, brûlant des drapeaux américains.

Interpol a lancé une alerte à ses 188 pays membres, mettant en garde contre des «attaques violentes visant des innocents».

Les présidents afghan, Hamid Karzaï, et indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, ont profité de la fin du ramadan pour exprimer leur indignation, tandis que le Vatican condamnait une «initiative irresponsable».

L'organisation Amnesty International a dénoncé pour sa part un climat de «persécution» à l'encontre des musulmans aux États-Unis.

Au nom de la liberté de culte, le président américain Barack Obama s'est dit favorable au projet de centre islamique près de Ground Zero, tout comme le maire de New York Michael Bloomberg. Mais d'après les sondages, une majorité d'Américains souhaiterait qu'il soit déplacé.

Plus de 7000 fidèles se sont réunis vendredi à la mosquée de Harlem pour fêter la fin du ramadan et montrer que «l'islam rime avec amour, paix et unité».

La presse s'interrogeait sur la couverture jugée par fois excessive donnée à «l'obscur pasteur» de Gainsville.

«Ce n'est qu'un type qui habite au milieu de nulle part, qui a une cinquantaine de fidèles et qui, à ma connaissance, a décidé de se faire remarquer en disant qu'il allait brûler un Coran», a ainsi affirmé Michael Clemente, vice-président de Fox News, dans un entretien au quotidien Baltimore Sun. «Il y a beaucoup de choses plus importantes que ça qui se passent dans le monde», a-t-il ajouté.