Après avoir heurté les traditionalistes en devenant en mars 2009 le premier président en exercice à participer à un talk-show de fin de soirée (celui du comique Jay Leno), Barack Obama vient de créer un autre précédent du même genre en acceptant une invitation à l'émission The View, un talk-show diffusé en matinée sur ABC et animé par un quintette féminin dont font partie la journaliste Barbara Walters et l'actrice Whoopi Goldberg.

Lors d'une entrevue réalisée mercredi et présentée jeudi matin, le président a ainsi pu aborder dans une atmosphère détendue des sujets très légers - les frasques de l'actrice Lindsay Lohan et le mariage de Chelsea Clinton, notamment - et d'autres beaucoup plus sérieux, comme les crises traversées par son administration.

«Par où commencer?» a-t-il répondu en souriant à Barbara Walters, qui l'interrogeait sur les obstacles auxquels il a fait face depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Il a parlé de ses efforts continus pour relancer l'économie, de la marée noire du golfe du Mexique, évoqué «deux guerres» et la pandémie de grippe A (H1N1).

Sondages inquiétants

Le temps d'un président étant précieux, plusieurs analystes ont vu la participation de Barack Obama à The View comme une tentative de courtiser l'électorat féminin au moment où tous les sondages indiquent que moins de 50% des électeurs américains sont satisfaits de la performance du président.

À l'approche des élections de mi-mandat, qui renouvelleront en novembre l'ensemble de la Chambre des représentants et le tiers du Sénat, de tels résultats sont inquiétants pour le président et le Parti démocrate.

Les animatrices de The View ont soutiré au moins une primeur au président - d'une importance relative, il faut le reconnaître. Il a ainsi mis un terme à la rumeur selon laquelle il avait été invité au mariage de la fille unique de Bill et Hillary Clinton, qui aura lieu demain.

«Je n'ai pas été invité parce que je pense que Hillary et Bill, pour de bonnes raisons, veulent que cette cérémonie soit pour Chelsea et son futur mari», a-t-il dit.

Sur une note plus sérieuse, le premier président de couleur est revenu sur le limogeage hâtif de Shirley Sherrod, cette ex-fonctionnaire noire du ministère de l'Agriculture, accusée à tort de racisme par des médias conservateurs.

«Beaucoup sont à blâmer pour les réactions et les exagérations qui ont suivi ces commentaires, y compris ma propre administration», a dit Barack Obama.