Une version amendée de la loi très controversée sur l'immigration en Arizona (sud-ouest) a été promulguée vendredi par la gouverneur de l'Etat, Jan Brewer, qui assure que les ambiguïtés du texte sont désormais levées.

Mme Brewer a promulgué le 23 avril une loi très répressive envers les immigrés, qui autorisait notamment la police à contrôler le statut migratoire de quiconque en cas de «doute raisonnable». Les opposants au texte y voient une légalisation du délit de faciès.

La nouvelle mouture du texte, votée jeudi soir par les parlementaires et signée vendredi par Mme Brewer, conserve le principe du «doute raisonnable», mais limite le contexte dans lequel la police peut exercer ses contrôles.

Auparavant, un contrôle pouvait être opéré lors de tout «contact avec les forces de l'ordre», donnant de fait à la police le pouvoir de contrôler les papiers de quiconque selon son bon vouloir. Désormais, les contrôles ne pourront être effectués qu'en cas de délit présumé.

Par ailleurs, le texte a changé le passage de la loi qui stipulait que les autorités «ne peuvent pas seulement considérer l'origine ethnique, la couleur ou la nationalité d'origine au moment d'appliquer la loi», impliquant que cela pouvait néanmoins être un facteur d'appréciation.

Le mot «seulement» a été enlevé, interdisant de fait toute référence à «l'origine ethnique, la couleur ou la nationalité d'origine» pour justifier un contrôle.

Dans un communiqué, Mme Brewer assure que «ces changements répondent spécifiquement aux questions légales soulevées par ceux qui craignaient que le texte original puisse légaliser ou favoriser le délit de faciès».

Ambiguïtés levées

«Ces nouveaux amendements prouvent de la façon la plus claire et incontestable que le délit de faciès est illégal et ne sera pas toléré en Arizona», ajoute-t-elle.

Les défenseurs des droits civils ne partagent pas cet avis. «Ce n'est pas parce que la loi dit qu'il ne peut y avoir de délit de faciès qu'il n'y en aura pas», a déclaré à l'AFP Dan Pochoda, directeur juridique de la puissante association américaine de défense des droits civiques (ACLU).

«Que ce soit couché sur papier ne garantit pas un changement dans les faits. Nous savons très bien que certains membres des forces de l'ordre en Arizona se basent déjà sur l'origine ethnique pour prendre leurs décisions», relève-t-il.

La signature de la loi a déclenché une vague d'indignation aux Etats-Unis et dans plusieurs pays latino-américains, Mexique en tête. Plusieurs politiciens et élus locaux, ainsi que des militants des droits civiques ont condamné publiquement le texte, allant jusqu'à appeler, pour certains, à un boycott économique de l'Arizona.

Plusieurs associations, dont l'ACLU, avaient annoncé jeudi qu'elles contesteraient la loi devant la justice fédérale.