Pas d'union sacrée. La tentative d'attentat contre un avion américain le jour de Noël suscite aux États-Unis de bonnes vieilles controverses politiciennes, dont la mauvaise foi n'est pas toujours absente.

Peu après l'attentat raté commis par le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab sur un vol Amsterdam-Detroit, le représentant républicain Pete Hoekstra a ouvert le feu de la polémique en reprochant au président Barack Obama, en vacances à Hawaii, de ne pas s'être adressé directement aux Américains pour les rassurer.

Une critique qui a valu à M. Hoekstra l'accusation de faire de la récupération politique: dans une lettre adressée à ses soutiens pour attirer des fonds de campagne, il dénonce «les démocrates faiblards qui veulent ramener ici les terroristes de Guantanamo».

Les démocrates en question ont jugé la missive «honteuse». Mais sous George W. Bush, ils ne se privaient pas non plus d'attaquer l'administration sur les questions de sécurité nationale.

Le camp présidentiel a en outre gaffé par la bouche de la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, qui a assuré après l'attentat que «le système a fonctionné».

La ministre, chargée de parer aux attentats, parlait des mesures appliquées après la tentative d'explosion à bord du vol 253, mais sa petite phrase fait les choux gras de l'opposition: les républicains ne se privent pas de souligner qu'un extrémiste connu des autorités a pu monter à bord d'un avion avec des explosifs dissimulés dans ses sous-vêtements.

Plus largement, la droite dénonce un pouvoir forcément mou face à la menace d'Al-Qaeda. «Le président minimise la menace terroriste depuis son arrivée au pouvoir. C'est d'ailleurs un mot qu'il n'emploie pas», a observé le sénateur Jim DeMint sur la chaîne de télévision CBS.

S'il est vrai que M. Obama préfère parler «d'extrémisme violent», la Maison-Blanche a bel et bien évoqué «une tentative d'attentat terroriste» dans les heures qui ont suivi l'atterrissage du vol de la Northwest Airlines.

M. DeMint est en outre accusé d'hypocrisie, car il bloque la nomination par le Sénat d'un nouveau directeur pour l'Administration de la sécurité dans les transports (TSA). Il a expliqué mercredi qu'il entendait ainsi sanctionner la décision de l'administration Obama de laisser les salariés se syndiquer dans le secteur de la sécurité aéroportuaire.

L'ancien vice-président Dick Cheney y est lui aussi allé de son commentaire, se demandant pourquoi M. Obama «ne veut pas admettre que nous sommes en guerre». À quoi les démocrates rétorquent que M. Cheney est à l'origine d'une politique qui n'a fait que dresser un peu plus le reste du monde contre l'Amérique.

Les défenseurs du président assurent que ce dernier, qui n'a pas interrompu son séjour, reste aux commandes depuis Hawaii, ce que la technologie moderne permet au président.

Mais les démocrates semblent oublier à quel point ils avaient brocardé les interminables vacances de M. Bush dans son ranch du Texas.

Les républicains aussi ont la mémoire courte quand ils accusent le président d'avoir attendu trois jours pour s'adresser au pays. En décembre 2001, M. Bush avait mis plus de sept jours à réagir à la tentative d'attentat du Britannique Richard Reid, l'homme aux semelles explosives qui avait tenter de faire sauter un vol Paris-Miami.

Les conservateurs estiment qu'Umar Farouk Abdulmutallab doit être jugé par un tribunal militaire. C'est oublier que Richard Reid a été jugé par un tribunal de droit commun qui l'a condamné à la perpétuité.