Un juge américain a décidé mercredi qu'un condamné à mort de l'Ohio (nord) qui a survécu à son exécution n'aurait pas à subir cette épreuve une 2e fois avant que la justice se soit exprimée sur la légalité d'un tel processus, inédit, a-t-on appris de sources concordantes.

Le 15 septembre, l'équipe d'exécution de l'Ohio a cherché en vain pendant deux heures à poser une intraveineuse dans le corps de Romell Broom, un Noir de 53 ans condamné à mort il y a 25 ans, avant que le gouverneur de l'Etat ne prononce un sursis.

Pour la première fois aux Etats-Unis depuis 1946, un condamné à mort a survécu à son exécution.

Le juge Gregory Frost a décidé mercredi à l'issue d'une audience de plus de deux heures que «ni l'Etat de l'Ohio ni aucune personne agissant en son nom ne peuvent pas imposer un ordre d'exécution pour Romell Broom», pendant 30 jours à compter du moment où il aura rendu un jugement sur le fond, selon un document de justice.

«Il existe une procédure qui permet (au juge) de ne traiter que les questions juridiques, pas les faits eux-mêmes», a expliqué à l'AFP une des avocates de M. Broom, Adele Shank. Concrètement, le juge Frost doit répondre à la question de savoir si la Constitution des Etats-Unis autorise qu'une personne soit soumise deux fois à une procédure d'exécution.

«Si le juge rend une décision en notre faveur alors nous pourrions avoir une audience sur le fond, si sa décision nous est défavorable, alors nous ferons appel», a-t-elle précisé.

Après une exécution ratée sur la chaise électrique en 1946, la Louisiane (sud) avait finalement obtenu le feu vert de la Cour suprême des Etats-Unis pour re-exécuter le condamné.

Présent à l'audience, M. Broom n'a pas été appelé à venir témoigner à la barre de son calvaire, a ajouté son avocate.

Décrivant les blessures de son client qui a subi «au moins 18 tentatives» de piqûre aux bras, aux mains et à la jambe, son avocate a expliqué que «les dégâts réels sont psychologiques».

«C'est une chose terrorisante que d'avoir des êtres humains autour de vous qui cherchent à vous exécuter (...) et que ça dure, dure encore», a-t-elle détaillé.

Depuis, l'Etat de l'Ohio qui avait suspendu toutes les exécutions a modifié sa méthode d'injection mortelle et lui a adjoint une solution alternative - par intramusculaire - si l'équipe d'exécution ne parvient pas à trouver une veine assez solide pour supporter l'intraveineuse.

Kenneth Biros, 51 ans, a été mardi le premier homme exécuté en vertu de ce nouveau protocole.