Les neuf juges de la Cour suprême des États-Unis dont sa nouvelle recrue, Sonia Sotomayor, commencent leurs travaux lundi avec au programme les limites de la lutte anti-terroriste et du port d'arme, alors que certains spéculent sur le départ d'un juge progressiste.

Les neuf sages de la plus haute juridiction des États-Unis ont déjà accepté de se pencher sur 55 dossiers cette année et diront dans quelques jours s'ils se saisissent de la demande de détenus de Guantanamo innocentés par la justice de tout fait de terrorisme et qui réclament le droit d'être relâchés aux États-Unis.

Autre dossier très sensible qu'elle retiendra probablement, la requête du président Barack Obama de bloquer la publication de photos montrant des sévices perpétrés par des soldats américains sur des détenus en Afghanistan et en Irak, à l'encontre d'une décision de justice.

Dans l'immédiat, les juges ont accepté de définir l'étendue de l'acceptation du terme «soutien matériel au terrorisme» qui a permis ces dernières années au gouvernement de mener des dizaines de dossiers en justice et d'obtenir une soixantaine de condamnations.

Outil crucial pour les procureurs car très large, le chef d'inculpation est contesté par une organisation de défense des droits de l'homme qui a formé des membres du PKK (parti kurde en Turquie) ou du LTTE (Tigres tamouls au Sri Lanka) à la résolution pacifique de conflits ou au respect des droits de l'homme.

Quelle qu'elle soit, la décision de la Cour suprême affectera des dizaines de détenus de Guantanamo contre lesquels ne pèsent que ce type de charges.

L'institution s'est également engagée à préciser la portée de sa décision de juin 2008 confirmant le droit constitutionnel de chaque Américain à posséder une arme, chez lui et pour son autodéfense et notamment si elle s'applique aux lois locales et d'États qui ont continué à interdire les armes.

Saisie par deux prisonniers de Floride condamnés à la prison à vie sans possibilité de sortie à l'âge de 13 et 16 ans pour un viol et un cambriolage, la Cour dira aussi si des mineurs peuvent être condamnés à cette peine extrême sans avoir commis de meurtre, un sort partagé par plus de 100 détenus aux USA.

Elle décidera également si l'immunité de l'ancien premier ministre somalien Mohammed Ali Samantar, qui vit aux États-Unis, peut être levée pour qu'il réponde devant la justice de ses responsabilités dans les tortures et les meurtres perpétrés dans les années 80 dans son pays.

L'entrée de la stratégie financière ou des principes de management dans le monde des brevets, la pénalisation des vidéos montrant des animaux victimes de cruauté et la présence d'une croix de 2 mètres de haut en plein désert figurent en outre au programme de l'automne.

La crise financière s'est également invitée cette année, les actionnaires d'un fond d'investissement souhaitant obtenir le droit de limiter les honoraires de conseillers extérieurs avides.

Après un été marqué par la nomination d'une nouvelle juge atypique, Sonia Sotomayor, originaire de Porto-Rico et élevée dans le Bronx, diabétique, brillante et acharnée au travail, les regards se sont tournés cette rentrée vers le doyen de l'institution. John-Paul Stevens, 89 ans, nommé en 1975 par Gerald Ford et devenu le chef de file des progressistes de la Cour, a en effet montré des signes de départ, sans toutefois rien annoncer officiellement.

Une nouvelle nomination à vie par Barack Obama ne devrait cependant pas changer à long terme l'équilibre actuel de l'instance: quatre juges de tendance progressiste, quatre conservateurs et Anthony Kennedy, nommé par le républicain Ronald Reagan mais votant tantôt avec les uns tantôt avec les autres.