L'administration américaine s'est montrée mercredi nettement optimiste sur l'avenir des relations nippo-américaines, malgré l'arrivée au pouvoir à Tokyo d'une nouvelle équipe qui avait promis, pendant la campagne, de desserrer quelque peu le lien entre les deux pays.

L'alliance entre les Etats-Unis et le Japon «résistera à l'épreuve de tous les changements politiques», a affirmé la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

La chef de la diplomatie américaine a insisté sur son «optimisme».

Elle a décrit lors d'un point de presse l'accession au pouvoir à Tokyo de la formation de centre-gauche Parti démocrate japonais (PDJ) comme «un changement spectaculaire», «après 50 ans de pouvoir» du Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite).

Quelques heures plus tôt à Tokyo, le nouveau Premier ministre Yukio Hatoyama, à peine investi, avait affirmé vouloir «construire une relation de confiance» avec le président américain Barack Obama.

Pendant la campagne, il avait promis de mener une politique plus indépendante des Etats-Unis, sans remettre en cause l'alliance avec Washington, et de se rapprocher de ses voisins asiatiques, notamment la Chine.

«Tout gouvernement a le droit de changer des politiques», a expliqué mercredi une Hillary Clinton souriante, et insistant elle-même sur sa «décontraction».

«L'administration Obama a changé des politiques», a-t-elle continué, «mais cela ne change rien à nos valeurs fondamentales, ni à nos intérêts en matière de sécurité nationale». Et Mme Clinton de conclure qu'il en était de même à Tokyo.

«Les Etats-Unis restent engagés en Asie et dans leur relation avec le Japon», a-t-elle aussi insisté, promettant que les responsables américains répondront «aux préoccupations que peut avoir le nouveau gouvernement» japonais.

Un haut responsable du département d'Etat, Kurt Campbell, devait partir pour le Japon mercredi soir en vue de rencontrer les membres du gouvernement issu du Parti démocrate du Japon. «Il connaît des membres du nouveau gouvernement», a souligné la secrétaire d'Etat.

Outre leur lien étroit dans le domaine des affaires, les deux premières économies mondiales sont liées par de nombreux dossiers diplomatiques, dont la Corée du Nord et l'Afghanistan.

Signe d'un changement de ton, le nouveau ministre japonais des Affaires étrangères, Katsuya Okada, s'est engagé mercredi à ouvrir une enquête sur un prétendu pacte secret permettant aux navires américains dotés d'armes nucléaires de faire escale au Japon, en violation de la politique antinucléaire japonaise.

Interrogé, le porte-parole du département d'Etat Ian Kelly a dit ne pas être au courant des propos de M. Okada.

«La forte relation américano-japonaise demeure une pierre angulaire de la paix et de la sécurité en Asie», a insisté M. Kelly.

Le PDJ pourrait aussi remettre en cause, si l'on s'en réfère aux discours de campagne, le déploiement d'une partie des 47 000 soldats américains basés dans l'archipel.

Le nouveau parti au pouvoir a enfin proposé de mettre fin à une mission de ravitaillement menée par le Japon dans l'Océan Indien au profit de la coalition alliée engagée en Afghanistan.

«Nous espérons qu'ils continueront à contribuer à l'effort en Afghanistan», a sobrement commenté M. Kelly: «Mais c'est à eux de décider en quoi consistera leur contribution».