Les États-Unis ont demandé mercredi à Berlin aux Européens d'envoyer plus de troupes et de fonds pour former l'armée afghane s'ils veulent éviter de devoir rester indéfiniment en Afghanistan.

«Les États-Unis assument leur part (...), l'Europe et l'Allemagne peuvent et doivent en faire plus», a déclaré représentant permanent des États-Unis auprès de l'OTAN, Ivo Daalder, lors d'une conférence sur les relations transatlantiques à Berlin.

«Les renforts de troupes que nous et d'autres avons envoyés pour renforcer la sécurité (pendant l'élection présidentielle) doivent rester après les élections», a-t-il ajouté dans un discours qui apparait comme le premier appel concret de l'administration du président Barack Obama à des renforts.

Plusieurs pays de l'OTAN, dont l'Allemagne, ont accepté d'envoyer temporairement des renforts pour le scrutin présidentiel du 20 août. Le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer a chiffré ces renforts à entre 8000 et 10 000 hommes.

M. Daalder a également demandé aux Européens de contribuer davantage au financement de la formation de l'armée afghane.

«Selon nos meilleures estimations, il faut 17 milliards de dollars, peut-être plus, pour mettre sur pied l'armée afghane et 2 milliards de dollars par an pour son fonctionnement», a expliqué M. Daalder.

Les États-Unis paieront 5,6 milliards de dollars cette année et 7,5 milliards l'année prochaine.

«L'Afghanistan ne peut en aucun cas payer pour ces forces, si nous ne les finançons pas», a-t-il souligné, chiffrant à 750 millions de dollars les recettes du gouvernement afghan pour toute l'année 2008.

L'assistance promise jusqu'à présent par les donateurs internationaux, dont l'Allemagne, «est insuffisante. Nous devons agir de façon décisive et rapidement», faute de quoi nous devrons rester plus encore plus longtemps en Afghanistan, a-t-il averti.

Un des plus hauts responsables du département d'État, Anne-Marie Slaughter, a enfoncé le clou. «Si nous ne fournissons pas les fonds et la formation de l'armée afghane, cela coûtera encore plus cher de maintenir nos troupes là-bas, a-t-elle dit. «Il s'agit de faire un investissement avisé maintenant».

Mme Slaughter a rappelé que pendant sa campagne électorale, Barack Obama avait annoncé qu'il prendrait certaines décisions qui plairaient aux Européens mais qu'il leur demanderait d'en faire plus. «C'est ce que vous venez d'entendre de l'ambassadeur Daalder», a expliqué la directrice du Centre pour la Planification de la politique du département d'État.

L'envoyé spécial allemand pour l'Afghanistan et le Pakistan, Bernd M-tzelburg, a reconnu quant à lui que «bien évidemment, les Européens (allaient) devoir en faire plus» mais qu'«avec cette crise économique, ce ne sera pas facile».

La plupart des experts de politique étrangère s'attendaient à ce que Washington ne présente de nouvelles demandes à l'Allemagne qu'après les élections législatives du 27 septembre.

M. Daalder devait avoir mercredi des entretiens à la chancellerie et au ministère des Affaires étrangères, a indiqué l'ambassade des États-Unis.

Berlin déploie quelque 3700 soldats au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN en Afghanistan, et s'est engagé à porter ses effectifs à un maximum de 4400 avant l'élection présidentielle. Mais la mission de la Bundeswehr en Afghanistan est très impopulaire en Allemagne.