Un ancien employé du département d'Etat américain et sa femme, inculpés pour avoir espionné au profit de Cuba pendant près de 30 ans, resteront en prison en attendant leur procès, a décidé mercredi un juge fédéral de Washington.

Walter Kendall Myers, 72 ans, et sa femme Gwendolyn Steingraber Myers, 71 ans, interpellés la semaine dernière par la police fédérale et inculpés d'espionnage, risquent 35 ans de prison.

Ils demandaient à être placés en liberté surveillée au moyen d'un bracelet électronique en attendant leur procès.

Mais dans sa décision dont l'AFP a obtenu copie, le juge fédéral John Facciola estime qu'il existe un risque trop important de fuite.

Il cite l'âge des prévenus et le risque qu'ils ont de finir leur vie en prison comme «la motivation la plus évidente», mais aussi le bon accueil qui leur serait réservé à Cuba s'ils parvenaient à y trouver refuge.

Le juge explique également que les deux époux vivent à Washington, «à dix minutes de taxi» de la «Section des intérêts cubains», qui fait office d'ambassade dans la capitale américaine, les Etats-Unis n'ayant aucun lien diplomatique avec La Havane. «Une fois qu'ils seront entrés dans le bâtiment, ils auront dans les faits fui les Etats-Unis», argumente le juge.

Evoquant leur «hostilité» envers l'Amérique, le magistrat rappelle que M. et Mme Myers, confondus par un agent du FBI sous couverture qui a obtenu leur confession en se faisant passer pour un espion cubain, avaient expliqué à ce dernier «les plans qu'ils avaient échafaudés pour s'échapper si le gouvernement venait à les démasquer».

Il signale enfin qu'excellents navigateurs, ils possèdent un bateau amarré non loin de Washington.

M. Myers a commencé à devenir un espion à la solde de Cuba six mois environ après un voyage dans l'île en décembre 1978, selon les aveux du couple. Le couple faisait souvent passer des informations aux agents du régime communiste en échangeant des caddies dans les supermarchés.