L'arrivée de Barack Obama à la tête des États-Unis pourrait bien changer grandement la dynamique internationale en matière de sécurité, estime l'expert Bruce Jones, directeur du Center on International Cooperation de l'Université de New York.

«C'est encore très tôt, mais on peut déjà voir, dans les actions, dans les déclarations et dans les nominations, que l'administration Obama place les menaces transnationales au centre de sa politique de sécurité», a souligné M. Jones, de passage à Ottawa, où il donnait une conférence au Centre de recherches pour le développement international (CRDI).

 

Non seulement le nouveau président américain comprend que la sécurité nationale de son pays passe par la sécurité internationale et que les deux sont interdépendantes, soutient le spécialiste, mais M. Obama admet aussi qu'il ne peut agir seul et qu'il doit mettre l'accent sur la coopération avec les autres États, notamment les pays émergents.

«Le monde a changé, il y a plus d'acteurs importants maintenant. Les États-Unis doivent s'adapter à cette réalité, et c'est au coeur de la vision du président», estime M. Jones, ancien conseiller du secrétaire général des Nations unies et coauteur de l'ouvrage Power and Responsibility: Building International Order in an Era of Transnational Threats, publié cette année.

La nouvelle approche coopérative dont Barack Obama fait montre dans tous les discours qu'il prononce à l'étranger, notamment celui qu'il a prononcé au Caire cette semaine, tranche avec l'attitude de son prédécesseur.

Mais avant que cette vision ne se traduise en actions concrètes, le président américain aura à surmonter plusieurs obstacles, croit Bruce Jones.

«Le premier est évidemment la crise financière, dit-il. Non seulement ça prend beaucoup de ressources, mais aussi ça accapare le président, qui consacre la majeure partie de son emploi du temps à la gérer.»

La question d'un éventuel conflit avec l'Iran pourrait aussi, selon l'expert en sécurité internationale, avoir un impact décisif sur les relations des États-Unis avec la Russie ou avec le Moyen-Orient, deux régions du monde à qui l'administration Obama a tendu la main et avec qui elle espère maintenant collaborer étroitement.

Mais sans aucun doute, selon M. Jones, les États-Unis continueront à jouer un rôle majeur dans les questions de sécurité internationale, et ce, malgré l'état actuel de leur économie et l'émergence de nouvelles puissances, notamment en Asie.

«Personne d'autre n'a les capacités, les ressources ni même la volonté de remplacer les Américains sur la scène internationale», conclut-il.