La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est prononcée mardi à La Haye en faveur d'une réconciliation avec les talibans ayant renoncé à la violence, dans son discours devant la conférence sur l'avenir de l'Afghanistan.

«Nous devons soutenir les efforts du gouvernement afghan de séparer les extrémistes d'Al-Qaïda et des talibans de ceux qui ont rejoint leurs rangs non par conviction mais par désespoir», a déclaré la chef de la diplomatie américaine. «C'est, en fait, le cas de la majorité de ceux qui combattent aux côtés des talibans», a-t-elle affirmé.

«Ils devraient se voir offrir une forme honorable de réconciliation et de réintégration dans une société paisible, s'ils sont désireux d'abandonner la violence, de rompre avec Al-Qaïda et de respecter la constitution», a-t-elle poursuivi.

Mme Clinton, qui présentait la nouvelle stratégie pour l'Afghanistan du président Barack Obama, n'a pas nommé l'Iran, qui était représenté à cette réunion par son vice-ministre des Affaires étrangères chargé de l'Asie et du Pacifique, Mohammad Mehdi Akhoundzadeh.

Mais elle a souligné que les problèmes afghans «ne sauraient être réglés sans l'aide des voisins de l'Afghanistan».

«Le trafic de drogue, la généralisation de l'extrémisme violent, la gestion de l'eau, l'électrification et l'irrigation sont des défis régionaux qui exigeront des solutions régionales», a-t-elle ajouté.

Elle a rendu hommage au président afghan Hamid Karzaï, «qui joue un rôle dirigeant tellement crucial pour son pays», mais elle s'est montrée sévère envers la corruption qui ronge son gouvernement.

«La corruption est un cancer aussi dangereux pour notre succès à long terme qu'Al-Qaïda ou les talibans», a-t-elle dit. «Un gouvernement qui n'apporte rien à son peuple devient le meilleur outil de recrutement des terroristes».

«Nous devons donc coopérer avec des organisations comme le directorat indépendant de gouvernance locale d'Afghanistan pour nous assurer que le gouvernement se montre à tous les niveaux réactif et capable de rendre des comptes», a poursuivi Mme Clinton.

Elle a suggéré que la communauté internationale envoie en Afghanistan des spécialistes de gestion locale pour former une «nouvelle génération de fonctionnaires et administrateurs».

Elle a rappelé l'importance d'organiser un scrutin présidentiel «libre et équitable» en août prochain, pour lequel les Etats-Unis ont décidé de débloquer une aide de 40 millions de dollars.

La nouvelle stratégie américaine en Afghanistan prévoit une nette augmentation de l'engagement militaire et civil et donne un rôle clef au Pakistan voisin, afin de vaincre le réseau terroriste Al-Qaïda.

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