Le président américain Barack Obama s'est démultiplié lundi pour faire adopter «immédiatement» un gigantesque plan de relance, à un moment critique pour ce projet et d'autres face à une crise économique menaçant selon lui de devenir encore plus catastrophique.

Moins de trois semaines après avoir prêté serment, M. Obama a renoué avec ses habitudes de campagne et pris à témoins les habitants d'une petite localité manufacturière de l'Indiana très durement touchée par la récession.

Lundi soir il devait donner sa première conférence de presse de président à la Maison-Blanche à 20h00.

M. Obama paye de sa personne à un moment charnière pour le plan de relance qu'il soutient. Après la Chambre des représentants il y a une dizaine de jours, le Sénat paraît devoir approuver sa propre version mardi. Restera aux deux chambres à s'accorder sur un plan de compromis, qui pourrait dépasser les 800 milliards de dollars. Et la tâche s'annonce ardue pour tenir l'objectif de soumettre un texte à la signature de M. Obama d'ici au 16 février.

«Nous avons eu un bon débat. Le moment est maintenant venu d'agir. C'est pourquoi j'appelle le Congrès à adopter ce texte immédiatement», a dit M. Obama lors d'une réunion publique à Elkhart, une localité d'environ 50 000 personnes où le chômage est passé de 4,7% l'an dernier à plus de 15% aujourd'hui selon la Maison-Blanche.

«Les atermoiements sans fin ou la paralysie à Washington devant cette crise ne feront que causer une catastrophe plus grande», a-t-il dit.

Pour M. Obama, élu sur la promesse du changement, il s'agit de tenir parole alors que chaque nouvelle journée apporte son lot de mauvaises nouvelles économiques. Dernière en date vendredi: la hausse du chômage, avec 598 000 emplois en moins en janvier, ce qui en fait le mois le plus destructeur depuis décembre 1974.

Il s'agit aussi de ne pas laisser son capital politique entamer par les accrocs de la semaine passée, le cafouillage causé par la nomination de certains responsables et la résistance de ses adversaires républicains à son entreprise pour rallier le plus grand nombre d'entre eux au plan de relance.

M. Obama s'était rendu à Elkhart pendant sa campagne, et il a dit lundi ne pas avoir oublié les histoires qu'il avait entendues alors, d'emplois perdus et de maisons saisies.

«Je vous ai promis alors que, si j'étais élu, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour aider cette localité à se remettre, et c'est pourquoi je suis revenu, parce que j'entends tenir ma promesse», a-t-il dit.

M. Obama a rappelé la perte de 3,6 millions d'emplois aux États-Unis depuis le début de la crise et s'est livré à une nouvelle défense vigoureuse du plan censé sauver ou créer trois à quatre millions d'emplois en deux ans.

Les âpres négociations entre amis démocrates de M. Obama et adversaires républicains ont péniblement abouti à un compromis sur un plan d'un montant total de 827 milliards de dollars, mais avec juste assez de soutien républicain pour que la procédure législative ne soit pas bloquée.

Les sénateurs devaient voter lundi sur la fin des débats, avant de se prononcer sur le texte mardi.

M. Obama a souligné que ce plan n'était que l'une des initiatives face à la crise. La divulgation d'un plan de sauvetage des institutions financières a été repoussé à mardi en attendant le vote du Sénat sur le plan de relance, selon le Trésor.