Hillary Clinton a pris la tête de la diplomatie américaine jeudi à Washington, en annonçant une «nouvelle ère pour l'Amérique» grâce à une «diplomatie forte» et une administration unie.

S'adressant au millier de diplomates et employés du ministère américain des Affaires étrangères qui lui ont réservé un accueil enthousiaste, l'ancienne Première dame des États-Unis s'est nettement démarquée de l'administration controversée de George W. Bush, critiquée pour avoir privilégié l'usage de la force au détriment de la diplomatie.

«Je crois de tout mon coeur que c'est une nouvelle ère pour l'Amérique», a déclaré Mme Clinton, 61 ans, vêtue d'un élégant tailleur pantalon gris, à une foule enthousiaste à forte composante féminine.

«La politique étrangère américaine s'appuie sur trois piliers: la défense, la diplomatie et le développement», a-t-elle ajouté. «Je ferai tout mon possible (...) pour affirmer clairement qu'une diplomatie forte et un développement efficace sont les meilleurs outils à long terme pour rendre l'avenir de l'Amérique plus sûr».

Rivale malheureuse de M. Obama pendant la campagne électorale, Mme Clinton a pris soin de réaffirmer que la lutte fratricide entre les deux démocrates appartenait au passé: elle a annoncé la venue au département d'État, dans l'après-midi, du président Barack Obama et du vice-président Joe Biden.

«Nous voulons envoyer un message clair et sans équivoque: ceci est une équipe», a-t-elle dit.

«Le président sera ici, au deuxième jour de son mandat, pour vous montrer à tous et montrer à tous ceux qui servent le pays à l'étranger, à quel point il est résolu à travailler avec nous», a-t-elle ajouté, sous les applaudissements et les vivats.

Elle a aussi critiqué implicitement l'administration précédente en faisant allusion aux tensions entre le vice-président Dick Cheney et le ministre de la Défense Donald Rumsfeld d'une part, et les deux secrétaires d'État qui se sont succédé sous M. Bush, Colin Powell et Condoleezza Rice d'autre part.

«Nous ne tolèrerons plus le genre de divisions qui ont paralysé et affaibli notre capacité à obtenir des résultats pour l'Amérique», a-t-elle déclaré.

Mme Clinton, dont le Sénat a confirmé la nomination mercredi, a entamé sa première journée de travail en appelant plusieurs dirigeants étrangers, notamment le président palestinien Mahmoud Abbas, la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, et le roi Abdallah II de Jordanie.

Selon le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, elle a «parlé de la nécessité de soutenir le président Abbas et l'Autorité palestinienne pour parvenir à une paix juste et durable le plus rapidement possible».

Pour sa part, Mme Livni a préconisé une «reprise au plus tôt» des négociations de paix avec l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, dont serait écarté le mouvement islamiste Hamas contre lequel Israël a mené une opération meurtrière à Gaza.

Elle a proposé par ailleurs qu'Israël participe «à l'effort international d'aide à la population civile» de Gaza, qui a beaucoup souffert des bombardements israéliens.

Quant au roi Abdallah II, il a «réaffirmé sa volonté de coopérer avec la nouvelle administration pour lancer des négociations de paix sérieuses et efficaces afin de résoudre le conflit israélo-palestinien sur la base d'une solution à deux États, (...) seul moyen d'assurer la sécurité et la stabilité dans la région», a indiqué l'ambassade de Jordanie à Washington dans un communiqué.

Mme Clinton a été accueillie par des messages de félicitations de ses homologues étrangers.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, l'a ainsi félicitée pour «le nouvel esprit américain» qu'elle incarne, tandis que son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, s'est engagé à l'aider à créer un monde avec «davantage d'amis et moins d'opposants».