Accusé récemment par ses adversaires de copiner avec des terroristes, Barack Obama doit aujourd'hui se défendre d'être un socialiste, une épithète qui a longtemps été toxique aux États-Unis.

Le nouvel assaut républicain découle d'un commentaire du candidat démocrate à un électeur - Samuel Wurzelbacher, alias «Joe le plombier» - sur la nécessité de «répartir la richesse».

Selon John McCain, la conversation entre Barack Obama et «Joe le plombier» a permis de lever le voile sur les vraies intentions de son rival.

«Il croit en la redistribution de la richesse», a déclaré le candidat républicain hier devant des partisans du Missouri.

«Il est plus intéressé à contrôler votre portion de la tarte qu'à l'agrandir.»

Deux jours plus tôt, le sénateur de l'Arizona avait formulé sa première attaque sur ce thème en accusant son rival de partager les mêmes objectifs que les dirigeants socialistes d'Europe.

«Au moins, en Europe, les dirigeants socialistes qui admirent tant mon adversaire sont francs quant à leurs objectifs, avait-il déclaré lors d'une allocution radiophonique. Ils utilisent des vrais chiffres et un langage honnête. Nous devrions exiger la même honnêteté du sénateur Obama. Augmenter les impôts de certains pour donner des chèques à d'autres, ce n'est pas réduire les impôts. C'est juste un nouveau cadeau gouvernemental.»

John McCain n'est pas le seul républicain à croire tenir là un thème porteur. Ce week-end, le sénateur de Floride, Mel Martinez, Cubain d'origine, a comparé le programme fiscal de Barack Obama à celui des Castro. Comme le fait le candidat républicain à la présidence, il est revenu sur la conversation entre Barack Obama et «Joe le plombier».

«Ce qui était le plus révélateur est ce que le sénateur Obama a répondu : peut-être avons-nous besoin de redistribuer la richesse. D'où je viens, ils ont essayé de redistribuer la richesse. Cela n'a pas tellement bien marché. C'est du socialisme, c'est du communisme, cela n'a aucun rapport avec l'américanisme.»

Réfutation

Barack Obama a présenté dimanche sa première réfutation de l'étiquette socialiste.

«C'est dur d'imaginer comment (l'investisseur milliardaire) Warren Buffett a pu m'apporter son soutien, comment (l'ancien secrétaire d'État) Colin Powell me soutient si, comme John McCain le pense, je compte instaurer le socialisme», a déclaré le candidat démocrate devant des partisans de la Caroline-du-Nord.

En évoquant la nécessité de «répartir la richesse», Barack Obama répondait à une question de «Joe le plombier» sur sa position concernant l'instauration d'un taux d'imposition unique. Le candidat démocrate avait exprimé son opposition à une telle idée, trouvant injuste qu'un individu aussi fortuné que lui-même soit imposé au même taux qu'une serveuse de restaurant.

«Et je pense que lorsqu'on répartit la richesse, c'est bon pour tout le monde», avait-il dit.

La phrase pourrait nuire à Barack Obama en offrant à John McCain un angle d'attaque sur l'économie. Mais la crise financière américaine a peut-être relativisé le sens du mot socialisme.

«Le plus grand socialiste est aujourd'hui George W. Bush», a déclaré Darrell West, chercheur à l'Institut Brookings, en faisant allusion au vaste plan de sauvetage du secteur financier mis en place par le président républicain.