Depuis le début de la guerre en Irak, il n'est plus sage pour un jeune routard américain de se balader en Afrique-du-Sud avec une bannière étoilée cousue sur son sac à dos.

«Il faut faire la distinction entre deux choses», tempère l'analyste politique et financier du continent africain pour Okapi, David Smith. «Il y a les États-Unis empire du mal, et il y a ceux des finances», explique-t-il. Il cite plusieurs grands partenariats entre les États-Unis et l'Afrique: la Millenium Challenge Corporation, la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique, et des programmes comme le plan d'aide d'urgence à la lutte contre le sida à l'étranger.

 

L'Afrique-du-Sud est le plus important partenaire commercial des États-Unis en Afrique subsaharienne. Six cents compagnies américaines y emploient 100 000 personnes.

Malgré cela, la perception des Américains y est la pire de tout le continent. L'arrivée de Barack Obama sur la scène a toutefois amené une nouvelle donne. «Il crée un espoir, dit David Smith. Même si on ne sait rien au sujet de sa politique étrangère, ni de celle de John McCain, d'ailleurs - les deux se limitent à parler du Darfour -, il a un pied en Afrique.»

L'analyste politique Jakkie Cilliers, par contre, fait cette mise en garde: «Les Africains ont beaucoup trop d'attentes vis-à-vis de cet homme. Oui, on espère qu'il deviendra président. S'il le devient, Obama fera face à un continent affamé de solutions.»

Tous les jours, vers 14h, les rues résidentielles de Johannesburg sont envahies par des groupes de domestiques qui prennent une pause. Je m'approche de cinq femmes assises à papoter.

«Les Américains? Je n'ai pas d'opinion», dit l'une d'elles.

«Moi, je ne suis pas d'accord que Bush fasse tuer plein de monde comme ça en Irak!» tranche une autre.

Et Barack Obama?

«Le gars du Kenya?» Les autres la regardent, perplexes. «Quel gars du Kenya?» Alors qu'elle leur explique, en sotho, de qui il s'agit, l'une d'elles me glisse: «Moi, c'est Oprah que j'aime.»