Barack Obama a déclaré en mai dernier ce que la plupart des Britanniques pensent déjà: «La relation particulière entre les États-Unis et la Grande-Bretagne n'est pas d'égal à égal», avait affirmé le sénateur de l'Illinois au gotha des expatriés américains à Londres, dont Elisabeth Murdoch, fille du magnat des médias Rupert Murdoch.

Beaucoup d'eau a coulé sous le London Bridge depuis que Winston Churchill a salué la «relation particulière» entre les deux nations à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

 

Aujourd'hui, bien des Britanniques préféreraient que leur politique étrangère ne soit pas alignée d'aussi près sur celle des États-Unis. Opposés à l'invasion irakienne, ils soupçonnent toujours l'ancien premier ministre Tony Blair d'avoir bradé leur indépendance politique au profit de son amitié avec George W. Bush.

«George Bush incarne l'Américain qui inquiète les Britanniques, explique Robin Niblett, directeur du groupe de réflexion Chatham House. C'est une question de culture. Les Américains peuvent être extrêmement religieux et patriotes, et ils ont tendance à se prendre au sérieux. Nous sommes plutôt le contraire.»

Ryan Spielman, Américain établi à Londres depuis sept ans, essuie des railleries à l'occasion. «Les commentaires ironiques portent souvent sur la stupidité et la culture superficielle de mon peuple», dit le professeur de yoga.

N'en déplaise à plusieurs sujets de la reine Élisabeth, leur gouvernement marche main dans la main avec l'oncle Sam sur de nombreux dossiers. L'administration Bush aurait même abusé de cette alliance. L'usage d'aéroports britanniques par des agents de la CIA pour des transferts secrets de suspects de terrorisme a plongé le gouvernement dans l'embarras en février dernier. «C'est malheureux que ça se soit produit à notre insu», a commenté le premier ministre Gordon Brown.

C'est pourquoi les Britanniques, plutôt internationalistes, suivent anxieusement la campagne présidentielle américaine. Ils sont tombés sous le charme de Barack Obama, impatients d'avoir un interlocuteur américain qui les mettra sur un pied d'égalité. Même la presse britannique de droite souhaite le départ des républicains de la Maison-Blanche.