Le coordinateur français de la lutte contre Ebola, le Pr Jean-François Delfraissy, a appelé mardi les gouvernements, les chercheurs et les laboratoires à ne pas relâcher leurs efforts pour lutter contre le virus Ebola alors que l'épidémie reflue en Afrique.

«Il ne faut pas que les efforts retombent si on ne veut pas rater le post-Ebola», a déclaré le Pr Delfraissy, lors d'un atelier organisé à Paris par Les entreprises du médicament (Leem) pour tirer les leçons de l'épidémie d'Ebola.

Partie en décembre 2013, cette épidémie, la plus grave depuis l'identification du virus au milieu des années 1970, a fait près de 10 000 morts identifiés, principalement en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée.

Le Liberia s'est rapproché de l'objectif de zéro cas d'Ebola d'ici la mi-avril que se sont fixé les trois pays africains, le pays ne comptant plus aucun malade dans ses centres de traitement (situation de la semaine passée).

Dressant le bilan des efforts faits pour contrer l'épidémie, le Pr Delfraissy a notamment évoqué l'antiviral japonais favipiravir qui a fait l'objet d'un test mené sur 80 malades en Guinée par l'Institut français pour la santé et la recherche médicale (Inserm) et dont les résultats viennent d'être rendus publics.

Le test a donné des résultats encourageants (une mortalité diminuée de moitié) chez les patients présentant des niveaux moyens d'infection, mais «ne s'est pas montré suffisamment efficace» chez les patients arrivés à un stade plus avancé de la maladie, a-t-il dit.

Il a également évoqué des combinaisons médicamenteuses comprenant le favipiravir et d'autres molécules qui pourraient être étudiées au Sierra Leone et en Guinée «en collaboration avec le NIH (Instituts américains de la santé)».

Mais au-delà du développement accéléré de nouveaux traitements ou de nouveaux vaccins potentiels, rendu possible par l'épidémie, le Pr Delfraissy a insisté sur la nécessité de continuer à «financer à froid» des laboratoires de recherche fondamentale comme le laboratoire P4 à Lyon dédié à l'étude de virus et de bactéries extrêmement dangereux.

Il a également estimé qu'il fallait mieux étudier la chauve-souris, qui est le réservoir naturel d'innombrables virus dont probablement Ebola.

Pour éviter de nouvelles épidémies, il faudra également, selon lui, créer des centres d'alerte sur place et répondre aux «défis sanitaires» qui subsistent dans les pays africains menacés par des virus émergents comme Ebola.