Le président russe Vladimir Poutine a qualifié son homologue ukrainien Petro Porochenko de «partenaire» avec qui «on peut dialoguer», ajoutant qu'il avait conclu avec lui un accord sur l'aide humanitaire en Ukraine, dans une interview dont des extraits ont été diffusés vendredi par la télévision officielle.

La rencontre entre les deux hommes, mardi à Minsk, a été «très bonne, c'est mon impression, elle a été très franche», a déclaré M. Poutine dans cette interview enregistrée vendredi et qui doit être diffusée dimanche dans son intégralité sur la première chaîne de la télévision officielle russe.

Cette rencontre entre les deux présidents était la première depuis trois mois, et aucune avancée concrète vers une résolution de la crise en Ukraine n'avait été annoncée à sa suite.

M. Porochenko «est à mon avis le genre de partenaire avec qui on peut avoir un dialogue», a assuré M. Poutine dans les extraits diffusés vendredi soir.

Il a indiqué avoir accepté une proposition de M. Porochenko que la Russie, qui avait fait entrer la semaine dernière un convoi routier humanitaire dans l'est de l'Ukraine, livre de l'aide humanitaire dans cette région par rail.

«Nous avons décidé que nous allons exécuter un plan suggéré par le président Porochenko pour fournir de l'aide (...) aux personnes qui en ont besoin à Lougansk et à Donetsk», a déclaré M. Poutine.

Lougansk et Donetsk sont les deux principaux bastions des insurgés russophones de l'est de l'Ukraine, qui rejettent le pouvoir des autorités en place à Kiev depuis le renversement du président Viktor Ianoukovitch en février.

«Nous livrerons des vivres et (d'autres) biens dont les populations ont besoin par voie ferrée. C'était sa suggestion, je suis tombé d'accord avec cela», a déclaré M. Poutine, parlant toujours de M. Porochenko.

Dans les extraits diffusés vendredi, il n'a pas donné de détails sur l'itinéraire par lequel une telle aide humanitaire serait acheminée.

Ces déclarations positives de M. Poutine sur son homologue ukrainien interviennent alors que M. Porochenko a accusé jeudi la Russie d'avoir envoyé des troupes russes envahir l'Ukraine, des affirmations soutenues par l'OTAN et par les principales puissances occidentales. Moscou dément toute présence de ses forces armées sur le territoire ukrainien.

Concernant l'aide humanitaire aux populations de l'est de l'Ukraine, le convoi envoyé la semaine dernière par Moscou, qui s'était rendu à Lougansk, l'avait fait sans accompagnement du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Bien qu'impliqué dans la préparation du convoi russe, le CICR n'avait pas voulu envoyer de personnel d'accompagnement en raison de l'absence de garanties de sécurité sur place, les combats se poursuivant entre les forces de Kiev et les insurgés.

Ce premier convoi de 280 camions chargés selon Moscou de 1800 tonnes d'aide humanitaire avait franchi la frontière sans le feu vert de Kiev, qui avait alors parlé d'une «invasion» russe.

Le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré mercredi que la prochaine opération d'aide humanitaire de la Russie en Ukraine s'effectuerait «sous l'égide de la Croix-Rouge et en coordination totale avec les autorités ukrainiennes».

Et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé dans la journée de vendredi que la Russie avait obtenu l'«accord de principe» de Kiev pour l'envoi d'un deuxième convoi d'aide dans l'est de l'Ukraine.