En novembre dernier, le cardinal Marc Ouellet a présidé à Rome un congrès sur l'Église en Amérique, au cours duquel ses discours ont été remarqués.

«Il a célébré l'eucharistie avec le pape, a été modérateur et a prononcé l'homélie de conclusion», explique le père Humberto Gonzales Franco. Il a connu le cardinal québécois au séminaire de Manizales, en 1987, et travaille avec lui depuis 2006 à la Commission pontificale pour l'Amérique latine, à Rome. «Tous les cardinaux des deux Amériques y étaient. L'idée était de célébrer la communion des deux Amériques. On a pu voir l'amour profond du cardinal pour la très Sainte Vierge Marie, comme Jean-Paul II.» Mgr Ouellet a notamment rendu hommage à la vierge de Guadalupe, figure de piété populaire très importante en Amérique latine.

En Colombie, ceux qui l'ont connu prient pour lui et confirment qu'il est familier avec de nombreux cardinaux latino-américains. «Les évêques de la Colombie et la plupart des cardinaux du continent savent qui il est et combien il est précieux pour l'Église», indique Jose de Jesus Pimiento Rodriguez, qui a été archevêque de Manizales de 1975 à 1996. «Nous apprécions sa connaissance de notre Église, dont Jean-Paul II disait qu'elle était l'espérance du catholicisme. Il ferait un pape très spirituel, très savant, très proche des gens. La dernière fois que je l'ai vu, en 2005, j'ai été frappé de voir combien il ferait un bon pape. Plusieurs de ses amis colombiens le pensent depuis longtemps.»

Quand Mgr Ouellet est devenu recteur du Grand séminaire de Manizales, en 1984, Mgr Pimiento Rodriguez lui a demandé de le déménager du centre de la ville vers un terrain plus pastoral, non loin de l'aéroport, ce qui a suscité des protestations parmi les professeurs. «Il a réussi à convaincre les récalcitrants que c'était pour le mieux», se souvient l'évêque émérite.

Guillermo Leon Escobar, qui a été ambassadeur de la Colombie au Saint-Siège pendant neuf ans, au début du millénaire, a pu observer les relations entre le cardinal québécois et ses collègues latino-américains. «Son espagnol et son amour pour l'Amérique latine et ses pauvres impressionnent tout le monde, dit M. Leon Escobar. Tout le monde veut l'avoir à sa table. Il nous donne beaucoup confiance pour l'avenir.»

«Une profonde impression»

Mgr Ouellet a marqué le personnel de la Conférence épiscopale de l'Amérique latine (CELAM), dont le siège est à Bogotá et le président, mexicain. «La Commission pontificale pour l'Amérique latine a plus de liens que jamais avec la CELAM, explique le secrétaire général de la Conférence, Santiago Silva Retamales. Quand Mgr Ouellet a accompagné le pape au Mexique et à Cuba au printemps 2012, nous avons eu plusieurs réunions très éclairantes et productives. Il a fait une très bonne impression.»

Ses fidèles de Manizales allument actuellement des lampions pour que le conclave le choisisse. «On prie pour lui, pour qu'il devienne pape», affirment Dona Maria, femme de l'homme à tout faire du séminaire de Manizales, et Luz Marina Beltram, une paralytique amie du cardinal Ouellet depuis près de 30 ans. «Dites aux Québécois que je les remercie d'avoir donné naissance à mon meilleur ami», souligne Mme Beltram à la fin de l'entrevue dans sa maison du bidonville d'Estrada, à Manizales.