Israéliens et Palestiniens tentaient mercredi soir de parvenir à un accord pour pérenniser une trêve qui doit prendre fin dans quelques heures à Gaza, où six personnes ont été tuées par l'explosion accidentelle d'un missile israélien lors de son désamorçage.

Parmi ces morts figure Simone Camilli, 35 ans, vidéaste d'Associated Press depuis 2005, le premier journaliste étranger tué en un mois de guerre entre Israël et le Hamas qui a fait près de 2000 morts côté palestinien et 67 côté israélien, dont 64 soldats.

Son traducteur palestinien, Ali Abou Afash, 36 ans, a également péri. Outre son travail d'interprète pour la presse étrangère, Ali Abou Afash, père de deux jeunes enfants, collaborait aussi à temps partiel avec le bureau de l'AFP à Gaza comme assistant administratif.

Selon Reporters sans frontières, au moins 15 acteurs de l'information ont été tués dans ce conflit, le plus meurtrier depuis le retrait des Israéliens de la bande de Gaza en 2005.

Cinq personnes ont également été grièvement blessées, dont le photographe palestinien Hatem Moussa, également employé par l'agence de presse américaine, à Beit Lahyia, au nord de l'enclave, pendant un cessez-le-feu jusqu'ici respecté, mais qui doit expirer à 17h01.

Si l'enclave palestinienne a connu sa troisième nuit consécutive de répit, de nombreuses munitions et bombes non explosées s'y trouvent toujours.

L'État hébreu et le mouvement islamiste palestinien Hamas ont jusqu'alors veillé à ne pas compromettre les discussions pour une trêve durable, sinon permanente, dans la bande de Gaza, prise depuis des années dans la spirale des affrontements.

Compte à rebours au Caire

Les éprouvantes négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens au Caire se poursuivaient, mais le chef d'état-major de l'armée israélienne Benny Gantz a prévenu que «l'opération n'était peut-être pas terminée».

Peter Lerner, un porte-parole de l'armée israélienne a écrit sur Twitter que «l'armée prenait les mesures nécessaires en cas d'agressions du Hamas à la fin du cessez-le-feu».

Les Palestiniens, qui ont envoyé au Caire des représentants du Jihad islamique, du Hamas, qui contrôle Gaza, et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui chapeaute l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, font de la levée du blocus imposé depuis sept ans sur Gaza une condition sine qua non au cessez-le-feu.

Interrogée par la télévision de son mouvement, Ismaïl Haniyeh, le dirigeant du Hamas à Gaza, a répété mercredi soir qu'«il n'y aura cessez-le-feu qu'avec la levée du blocus», arguant que «les sacrifices de notre peuple nous interdisent de brader nos exigences».

Israël, lui, fort du soutien ultra-majoritaire de son opinion publique à la guerre, voudrait obtenir la démilitarisation de Gaza. Les Palestiniens refusent d'en entendre parler.

Les informations fragmentaires, contradictoires et difficilement vérifiables, rendent très aléatoire tout pronostic sur les chances d'une trêve ou au contraire les risques d'un nouvel embrasement entre deux ennemis aux exigences difficilement conciliables.

Les deux parties semblent cependant se diriger vers un compromis qui tendrait à confier à l'Autorité palestinienne, tout juste réconciliée avec le Hamas, la responsabilité des futures négociations et des frontières de Gaza.

Le Hamas et l'OLP ont récemment entamé une réconciliation et formé un gouvernement d'union nationale. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou accepte globalement de traiter avec l'Autorité palestinienne, mais pas avec le Hamas, qui ne reconnaît pas l'existence de l'État hébreu.

Assouplissement plutôt que levée du blocus

Les Palestiniens ont annoncé une conférence de presse au Caire à 14h30, mais selon un document que l'AFP a pu consulter, les renseignements égyptiens, qui conduisent la médiation, ont proposé un cessez-le-feu permanent et un report d'un mois des discussions sur une exigence clé des Palestiniens: l'ouverture d'un port et d'un aéroport pour alléger le blocus.

Le même report est proposé sur un autre sérieux point de blocage, la restitution par le Hamas des corps de deux soldats israéliens tués contre la libération de prisonniers palestiniens.

Également, l'Égypte propose un accord de cessez-le-feu permanent prévoyant que la zone-tampon le long de la frontière de la bande de Gaza avec Israël soit graduellement rétrécie et placée sous la surveillance des forces de l'ordre de l'Autorité palestinienne.

Quant à la levée du blocus, qui asphyxie l'économie d'un territoire exigu où s'entassent 1,8 million de personnes coincées entre Israël, l'Égypte et la Méditerranée, le document égyptien reste vague, se contentant de dire que des points de passage fermés seraient ouverts en vertu d'accords entre Israël et l'Autorité palestinienne.

Selon des négociateurs palestiniens, Israël consentirait à alléger les restrictions à deux points de passage de la frontière entre Gaza et le territoire israélien, l'un pour les personnes, l'autre pour les biens. Ce dernier serait sous supervision internationale.

Selon la presse israélienne, Israël accepterait aussi l'entrée d'argent sous de strictes conditions pour payer les dizaines de milliers de fonctionnaires qui attendent leur salaire depuis des mois, et d'étendre les zones de pêche.

Alors que l'État hébreu est depuis deux jours vent debout contre la commission d'enquête tout juste formé par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, M. Nétanyahou l'a accusé de donner «une légitimation aux organisations terroristes meurtrières comme le Hamas». L'État hébreu, qui redoute des critiques et mandats d'arrêt internationaux, a préféré lancer une enquête via ses instances étatiques.