Les discussions sur le nucléaire iranien ont été suspendues dans la nuit de mardi à mercredi dans la confusion, la Russie et l'Iran évoquant des progrès, voire un début d'accord, tandis que les État-Unis assuraient que toutes les questions n'avaient pas été réglées.

Le ministre français Laurent Fabius a quant à lui quitté Lausanne sans faire de déclaration.

Les chefs de la diplomatie du P5+1 (USA, Chine, France, Russie, Grande-Bretagne et Allemagne) et de l'Iran se sont séparés peu après 01h00 mercredi, soit après l'expiration du délai du 31 mars fixé pour obtenir un accord préliminaire sur le nucléaire iranien.

Les discussions doivent reprendre mercredi matin tôt, mais la confusion régnait sur l'état de l'avancée des négociations.

«De bons progrès ont été accomplis dans les discussions. Nous avons décidé de recommencer vers 06 ou 07h00 et nous espérons conclure aujourd'hui (mercredi). Ensuite on commencera la rédaction» de l'accord final qui doit voir le jour d'ici fin juin, a déclaré l'Iranien Mohammad Javad Zarif.

«Pour la plupart des questions, les solutions ont été définies», a-t-il affirmé.

Encore plus optimiste, le Russe Sergueï Lavrov assurait à la presse russe: «On peut dire avec une relative certitude (que) nous sommes parvenus à un accord de principe sur tous les aspects clés d'un règlement de ce dossier, qui commencera à être couché sur le papier dans les prochaines heures».

M. Lavrov a ajouté que l'annonce de «l'accord de principe sera faite par M. Zarif et (Federica) Mogherini», la chef de la diplomatie de l'Union européenne.

Un optimisme démenti par un diplomate américain qui a assuré que «toutes les questions n'ont pas été réglées», tandis qu'une autre source occidentale estimait qu'un accord de principe n'avait «pas encore» été conclu.

Quant au chef de la diplomatie française Laurent Fabius, il est rentré à Paris «pour participer au conseil des ministres et reviendra dès que ce sera utile», a fait savoir son cabinet, sans plus de détail.

De son côté, Barack Obama s'est réuni avec son équipe de sécurité nationale mardi soir à Washington. «Le président a été mis au courant de l'avancée des négociations par les secrétaires (d'État John) Kerry et (de l'Energie Ernie) Moniz, ainsi que par d'autres membres de l'équipe de négociations de Lausanne», a indiqué la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Bernadette Meehan.

La date butoir fixée pour aboutir à un compromis dans les négociations sur le nucléaire iranien a expiré mardi à minuit, mais plusieurs délégations, notamment américaine, avaient affirmé mardi soir avoir fait suffisamment de progrès pour continuer les discussions mercredi et tenter de régler les derniers problèmes.

Les négociateurs s'étaient fixé la date du 31 mars pour parvenir à un compromis historique sur ce dossier du nucléaire iranien qui plombe les relations internationales depuis 12 ans.

Ce compromis, dont on ignore encore la forme qu'il pourrait prendre (déclaration politique, document partiellement publié...) constitue une étape fondamentale sur la route d'un accord final, avec tous les détails et annexes techniques, dont l'échéance a été fixée au 30 juin.

Toujours les mêmes points d'achoppement 

L'objectif de l'accord est de s'assurer que l'Iran, dont le programme nucléaire inquiète la communauté internationale depuis le début des années 2000, ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions qui étranglent son économie.

Mais des points clés grippent la négociation depuis des mois.

En premier lieu, la durée de l'accord. Les grandes puissances souhaitent un cadre strict de contrôle des activités nucléaires iraniennes, particulièrement dans le domaine de la recherche et du développement, sur au moins 15 ans, mais l'Iran ne veut pas s'engager au-delà de 10 ans.

De même, la question de la levée des sanctions de l'ONU est aussi, depuis le début, un gros point de blocage. Les Iraniens voudraient voir tomber, dès la conclusion d'un accord, ces sanctions économiques et diplomatiques, jugées humiliantes. Or les grandes puissances veulent une levée graduelle de ces mesures liées à la prolifération nucléaire et prises depuis 2006 par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Un échec dans les prochaines heures ne signifierait pas automatiquement la rupture et la fin de toutes les négociations, soulignent les protagonistes de part et d'autre.

Mais tous s'accordent à dire que la situation serait beaucoup plus compliquée et difficile, un échec des discussions de Lausanne ne pouvant que conforter les opposants à un accord, aux États-Unis et en Iran, en passant par Jérusalem ou Riyad.