La victime présumée de Dominique Strauss-Kahn, une jeune guinéenne musulmane, femme de chambre et mère célibataire, est prête à venir témoigner devant les tribunaux face au patron du FMI, l'un des hommes les plus influents de la planète jusqu'à il y a quelques jours.

La femme de 32 ans qui accuse DSK de l'avoir agressée sexuellement samedi dans une suite de l'hôtel Sofitel élève seule sa fille de 15 ans dans un appartement d'un immeuble du Bronx, l'immense quartier populaire du nord de New York.

L'édifice, devant lequel les journalistes défilent depuis trois jours, est un bâtiment sans charme d'une soixantaine d'appartements, en briques rouges typiques de New York, avec des escaliers en fer noir zigzaguant sur sa façade.

Selon son avocat Jeff Shapiro, la femme est prête à témoigner. À affronter les journalistes, le public, la pression. Et le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, un ami de Bill Clinton, un ancien ministre des Finances en France que les sondages voyaient remporter la présidentielle à venir, qui figurait en 2010 dans la liste des 100 personnalités les plus influentes du magazine américain Time.

«Elle est prête à faire tout ce qu'on lui demandera de faire et à coopérer avec la police ou le ministère public», a dit Me Shapiro.

«Elle n'a aucune idée derrière la tête. Elle fait ça parce qu'elle pense qu'il faut le faire et elle va le faire», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision NBC, rejetant, tout comme le frère de l'accusatrice, toute «théorie du complot».

La jeune femme a témoigné mercredi devant la chambre d'accusation (grand jury) chargé de décider si Dominique Strauss-Kahn doit être inculpé, a annoncé son avocat plus tard sur CNN.

Les jurés auront découvert une grande -elle mesure près de 1,80 mètre- et belle femme, selon le concierge de son immeuble et son frère, qui a quitté la Guinée pour venir travailler aux États-Unis.

«Elle est arrivée» aux États-Unis «dans des circonstances difficiles, pour trouver l'asile et avoir une meilleure vie pour elle et pour sa fille. Elle a appris son métier, elle était enchantée d'avoir son emploi», a indiqué Me Shapiro sur NBC.

Selon le site Slate, elle est la fille d'un commerçant appartenant à l'ethnie peule (40% de la population de Guinée, pays de 10 millions d'habitants). Elle habiterait aux États-Unis depuis 13 ans et serait détentrice d'une carte verte, ce qui lui donnerait le droit de travailler.

«C'est une bonne musulmane. Elle ne porte pas le voile mais elle se couvre les cheveux», a dit le frère de la victime à l'AFP. Contrairement à son frère, elle n'a pas vécu en France mais parle français parfaitement.

«Je la connais depuis qu'elle a emménagé ici il y a environ six mois», a expliqué à l'AFP le concierge de son immeuble. «C'est une fille sympa, qui travaille dur, je la voyais quasiment tous les jours quand elle partait au travail», raconte-t-il.

L'employeur de la jeune femme, le Sofitel, a indiqué cette semaine qu'elle travaillait depuis trois ans dans ce grand hôtel du centre de Manhattan et qu'elle donnait «entière satisfaction tant en ce qui concerne la qualité de son travail que de son comportement».

La législation américaine interdit de donner l'identité de la victime présumée.