Les États-Unis ont demandé formellement à l'ONU de voter lundi sur un projet de résolution prévoyant de nouvelles sanctions sévères contre la Corée du Nord, malgré une forte opposition de la Chine et la Russie sur un premier texte.

Dans un communiqué annonçant cette mise au vote, la mission américaine à l'ONU s'abstient de préciser sur quoi il portera précisément: le texte d'origine présenté mercredi par Washington, un projet amendé ou un tout autre texte.

«Les États-Unis ont informé le Conseil de sécurité de l'ONU qu'ils voulaient une réunion lundi pour voter sur un projet de résolution afin d'imposer des sanctions supplémentaires à la Corée du Nord», indique le communiqué sans autre détail.

Leur projet de texte initial prévoit notamment un embargo sur le pétrole, l'interdiction d'importer du textile nord-coréen, un gel des avoirs du dirigeant nord-coréen, le renvoi dans leur pays des expatriés nord-coréens et la possibilité d'inspecter par la force des navires suspects en haute mer.

Lors d'une réunion d'experts vendredi des 15 membres du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine se sont cependant opposées à l'ensemble des mesures sauf sur le textile, selon des sources diplomatiques.

Malgré cela, plusieurs missions diplomatiques voulaient croire vendredi à la possibilité d'un accord.

Un mois après une interdiction d'importer du charbon, du fer et des crustacés nord-coréens, les 15 membres du Conseil veulent de nouvelles mesures afin de sanctionner l'essai nucléaire nord-coréen du 3 septembre, selon des diplomates.

À ce stade, «je vois mal un veto et je pense qu'on arrivera à un accord» car tout le monde, Washington compris, a montré sa «volonté de négocier», indique un spécialiste du dossier sous couvert d'anonymat. «On arrivera à un accord» car les trois pays clés - États-Unis, Chine, Russie - «veulent arriver à un accord», confirme un diplomate.

Le projet américain de mercredi «contient absolument tout», reconnaît le spécialiste du dossier. «C'est un projet maximal mais plus un menu dans lequel le Conseil de sécurité va piocher qu'un truc à prendre ou à laisser», estime-t-il.

«Archi-contre»

À l'appui de leur nouvelle stratégie à la hussarde - Washington avait négocié pendant un mois avec Pékin et Moscou le 7e train de sanctions adopté le 5 août -, les États-Unis manient deux menaces: un éventuel recours à la force militaire et l'avertissement, à l'adresse de Pékin et Moscou, que si aucun accord n'est trouvé à l'ONU, des sanctions américaines pourraient frapper les pays commerçant avec la Corée du Nord.

Selon une source diplomatique, cette dernière menace est très présente en arrière-plan des discussions menées actuellement sur un 8e volet de mesures contre Pyongyang.

Jusqu'à présent, ni Moscou ni Pékin n'ont brandi la possibilité d'un veto. Les deux capitales ne cessent de répéter que des sanctions isolées ne servent à rien et poussent à l'ONU pour que le projet de résolution intègre l'ouverture d'un dialogue avec le régime nord-coréen.

Dans les premières discussions entre membres du Conseil de sécurité sur le projet de résolution américain, les Chinois et les Russes n'ont pas rejeté le texte en bloc ni réclamé du temps, comme ils ont pu le faire dans le passé, selon des sources concordantes.

L'embargo pétrolier et sur les produits pétroliers est le sujet «le plus dur». «Russes et Chinois sont archi-contre», témoigne une source au fait des négociations. Une brèche dans ce secteur pourrait toutefois être réalisée avec des «options», «des demi-mesures», ou «l'ajout de quelque chose», selon des sources concordantes.

Dans les discussions, la Russie est aussi montée en première ligne sur le renvoi dans leur pays des expatriés nord-coréens, selon les mêmes sources. L'ONU évalue à plus de 50 000 le nombre d'expatriés nord-coréens dans le monde, source de revenus très importante pour le régime nord-coréen. Selon un diplomate, la Russie en emploie quelque 35 000 et affirme ne pas pouvoir s'en passer.

Par leurs sanctions, les Nations unies tentent de pousser la Corée du Nord à revenir à une table de négociations alors que ses programmes d'armement nucléaire et conventionnels sont jugés menaçants pour la planète.