L'Égypte, dirigée par un président islamiste, veut conserver avec la France les relations étroites qui prévalaient avant le renversement de Hosni Moubarak il y a deux ans, a déclaré dimanche le chef de la diplomatie égyptienne, Mohammed Kamel Amr, dans un entretien à l'AFP.

«Je porterai un message de continuité», a déclaré M. Amr, qui doit rencontrer mardi le président François Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, lors de sa première visite bilatérale à Paris.

«Les relations entre les deux pays ont été traditionnellement très fortes au cours des dernières décennies» dans les domaines politique, économique et culturel, a ajouté le ministre.

M. Amr a réfuté l'idée que la chute de Hosni Moubarak, au pouvoir pendant trente ans, et l'arrivée d'un président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, se traduisent par un bouleversement majeur dans le long partenariat entre les deux pays.

Il peut y avoir «des nuances par-ci et des changements par-là», a-t-il dit. Cependant, «les relations ne sont pas fondées sur des personnalités, mais sur des intérêts, une coopération stratégique, et cela ne dépend pas de qui est au pouvoir», a-t-il assuré.

Les deux pays «ont une coopération étroite, et cela se poursuit dans la réalité», a ajouté le ministre, un diplomate de carrière nommé à ce poste en juillet 2011, du temps de la transition sous direction militaire.

Sans affiliation avec la mouvance islamiste, il a été maintenu à son poste après l'élection de M. Morsi en juin 2012.

M. Amr a cherché à minimiser les désaccords sur l'intervention militaire française au Mali, apparus en janvier dernier quand M. Morsi avait déclaré «n'accepter en aucun cas» une opération «de nature à alimenter le conflit dans la région».

Un haut responsable des Frères musulmans égyptiens a également comparé la semaine dernière cette intervention à celles des États-Unis en Irak et en Afghanistan.

«Avant d'employer la force, il faut explorer et épuiser tous les moyens pacifiques» et traiter dans la durée des problèmes «qui trouvent leurs racines dans la pauvreté et le sous-développement», a dit M. Amr, en se déclarant dans le même temps «opposé à la prise de contrôle d'un pays par les extrémistes» et partisan du maintien «de l'intégrité territoriale du Mali».

«C'est la position dominante» et «c'est l'attitude de la France», a-t-il estimé.

Le chef de la diplomatie égyptienne a également affirmé qu'une visite de M. Morsi à Paris, annulée fin janvier en raison d'une violente crise en Égypte, était toujours envisagée. «L'invitation est toujours là», a-t-il dit.

Au sujet du conflit en Syrie, où Paris et Le Caire appellent fermement au départ du président Bachar al-Assad, M. Amr a souligné les «convergences» entre les deux pays.

Interrogé sur d'éventuelles livraisons d'armes à l'opposition, que Paris dit envisager, il a déclaré que «l'opposition a bien sûr le droit de se défendre, mais dans le même temps il faut trouver un équilibre pour ne pas contribuer à accroître le bain de sang et ne pas perdre de vue que la solution doit être politique».

Concernant le conflit israélo-palestinien, «il est temps que la France, l'Égypte et d'autres se rassemblent pour avancer des idées nouvelles» afin de sortir ce dossier de l'ornière. Il faut «parler de la paix, pas seulement d'un processus qui ne donne pas de résultat tangible», a-t-il déclaré.

Alors que l'Égypte traverse une grave crise économique, le ministre a assuré «que les investissements des entreprises françaises en Égypte sont bienvenus et ne courent pas de danger».

Quant aux touristes dissuadés de venir par les images des violences qui secouent régulièrement le pays, «ils doivent savoir que ce qu'ils voient à la télévision ne reflète pas la vraie situation au Caire et dans le reste du pays».

«On peut toujours se promener, visiter les musées et aller voir les pyramides en toute sécurité», a-t-il souligné.