Des centaines de personnes, probablement arrêtées lors des manifestations qui ont fait tomber le président égyptien Hosni Moubarak, sont toujours portées disparues, a annoncé mardi une association de défense des droits de l'Homme.

«Il y a des centaines de personnes détenues, mais les informations sur leur nombre exact ne sont pas complètes (...). L'armée en détenait», a déclaré à l'AFP Gamal Eid, directeur du Réseau arabe d'information sur les droits de l'Homme.

Son ONG a affirmé dans un communiqué recevoir encore des «informations faisant état de disparitions de nombreux jeunes et citoyens».

M. Eid a exhorté l'armée à publier immédiatement une liste de ses détenus et à respecter leurs droits.

L'armée est en train de «dresser (une liste) de prisonniers sur la base de la raison de leur arrestation, et cela pourrait prendre du temps, mais cela n'excuse pas le fait de ne pas annoncer leurs noms et leurs lieux de détention», a-t-il dit.

La disparition forcée est, selon l'ONU, «l'arrestation, la détention, l'enlèvement (...) par des agents de l'État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l'autorisation, l'appui ou l'acquiescement de l'État, suivi (...) de la dissimulation du sort réservé à la personne».

Le quotidien indépendant Al-Masry Al-Youm a publié une liste de noms sur laquelle figurent des hommes et des femmes de 15 à 48 ans, qui auraient disparu entre le 25 janvier, premier jour des manifestations, et le 9 février, deux jours avant le départ de M. Moubarak.

Selon Nassir Amin, avocat à la tête du Centre arabe pour l'indépendance de la justice, certains manifestants pourraient être entre les mains de l'armée, mais un grand nombre ont été arrêtés par des policiers en civil alors qu'ils quittaient la place Tahrir, épicentre de la révolte au Caire.

Les autorités égyptiennes n'ont fourni aucun chiffre du nombre total de personnes arrêtées depuis le début du mouvement, au cours duquel 300 personnes ont été tuées, selon l'ONU et Human Rights Watch.