Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a félicité mardi les autorités indiennes pour la «retenue» dont elles ont fait preuve après les attentats de Bombay, dont les cerveaux seraient basés au Pakistan, alors que les deux pays se sont déjà livré trois guerres.

Selon M. Gates, le Pakistan n'a par ailleurs pas retiré de troupes de sa frontière occidentale avec l'Afghanistan, où insurgés talibans et dirigeants d'Al-Qaïda sont censés être réfugiés, pour les transférer vers sa frontière avec l'Inde.«Je dirais seulement que nous n'avons vu aucun signe de cela jusqu'à présent», a-t-il répondu lors d'une conférence de presse, alors que les Américains exhortent Islamabad à lutter plus activement contre ces sanctuaires.

«Je tiens à féliciter les Indiens pour leur retenue», a déclaré M. Gates, interrogé sur les attentats de Bombay, au lendemain de l'annonce de son maintien à la tête du Pentagone dans l'administration Obama.

Trois guerres ont déjà opposé les deux puissances nucléaires rivales depuis la partition en 1947, dont deux concernant le Cachemire, territoire himalayen divisé en deux parties indienne et pakistanaise. Un quatrième conflit avait été évité de justesse au printemps 2002.

Un responsable militaire américain avait déclaré plus tôt à l'AFP mardi que l'Inde et le Pakistan s'étaient retenus d'effectuer des mouvements militaires significatifs depuis les attentats de Bombay, malgré la montée des tensions politiques entre les deux pays.

L'Inde a formellement demandé au Pakistan, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Islamabad, de lui livrer une vingtaine de suspects après les attentats, qui ont fait 188 morts selon un dernier bilan.

En tête de la liste figure Hafeez Sayeed, le chef du Lashkar-e-Taiba, basé au Pakistan et actif au Cachemire.

Le ministre indien des Affaires étrangères, Pranab Mukherjee, a cependant assuré que son pays n'envisageait pas d'action militaire contre le Pakistan, à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité indien, l'organe suprême en matière d'affaires militaires et diplomatiques.

«Je pense qu'il est important que les deux parties montrent de la retenue, mais il est également important de trouver les responsables. Et nous aimerions voir les deux pays travailler ensemble afin de s'assurer qu'une telle chose ne se reproduise pas», a souligné M. Gates.

L'Inde n'a par ailleurs sollicité aucune aide américaine pour entraîner ses forces à la lutte anti-terrroriste, a précisé le secrétaire à la Défense, tout en indiquant que le chef d'état-major américain, l'amiral Michael Mullen, se trouvait «dans la région».

M. Gates a réaffirmé que «l'une des premières priorités de l'administration sera de se pencher sur notre stratégie et notre approche en Afghanistan, où les violences ont fortement augmenté depuis deux ans».

«Les refuges (des insurgés) dans les zones tribales pakistanaises nous préoccupent beaucoup» a-t-il répété, en appelant de nouveau le Pakistan à coopérer au maximum avec les Etats-Unis et l'Afghanistan.