Des milliers de soldats nord-coréens se sont rassemblés lundi pour rendre hommage à Kim Jong-il, l'ancien dirigeant et père de l'actuel, près de deux ans après sa mort, a rapporté l'agence officielle, quelques jours après l'exécution du numéro deux officieux du régime.

Des photos publiées par l'agence nord-coréenne KCNA montrent des soldats debout sur la vaste place devant le palais du Soleil Kumsusan, qui renferme les corps embaumés du fondateur de la Corée du Nord Kim Il-sung et de son fils Kim Jong-il, mort le 17 décembre 2011.

Kim Jong-un, petit-fils du premier et fils du second avait alors pris la tête du pays, continuant la lignée de cette dynastie communiste.

Les soldats ont réaffirmé leur loyauté au jeune dirigeant, âgé d'une trentaine d'années, selon la légende d'une des photos diffusées.

Une autre image montre un défilé de soldats qui portent des drapeaux rouges, sous les yeux de dirigeants militaires. Il était difficile de dire si Kim Jong-un se trouvait parmi eux.

La semaine dernière, le pays annonçait l'arrestation, le procès express puis l'exécution pour complot et corruption de l'oncle de Kim Jong-un, Jang Song-thaek, considéré comme le numéro deux officieux du régime et le mentor de son neveu. 

Jang était l'époux de la soeur de Kim Jong-il, qui semble, elle, avoir été épargnée par la purge, pour le moment.

L'«imprévisible» KIm Jong-un

 Les États-Unis ont engagé la communauté internationale à présenter un front uni face à la Corée du Nord, après l'exécution du numéro deux officieux, un événement qui accroît la nervosité de Séoul, inquiète de l'imprévisibilité du dirigeant de Pyongyang, détenteur de l'arme nucléaire.

Les événements des derniers jours doivent inciter, selon John Kerry, «la Chine, la Russie, le Japon, la Corée du Sud, nous tous, à rester unis et à ne pas ménager nos efforts dans le but de la dénucléarisation».

Tout en reconnaissant que la Corée restait «relativement opaque», le secrétaire d'État a indiqué que les États-Unis considéraient Kim Jong-un comme un dirigeant «impulsif, imprévisible, inquiet de sa place dans la structure du pouvoir et en train de manoeuvrer pour éliminer tout concurrent ou adversaire potentiel».

«C'est la nature de cette dictature impitoyable et horrible, et de son manque de confiance en soi», a déclaré le diplomate lors d'un entretien diffusé dimanche soir sur la chaîne américaine ABC. «C'est un signe de mauvais augure, de l'instabilité et du danger qui existent».

Même inquiétude à Séoul, où la présidente Park Geun-hye a mis en garde lundi contre de possibles «provocations irresponsables» de la part du Nord.

«Étant donné les derniers développements au Nord, il est difficile de savoir dans quelle direction la situation politique va évoluer», a déclaré Park Geun-hye, qui a convoqué une réunion pour analyser la situation en Corée du Nord.

«Nous ne pouvons pas écarter la possibilité de choses telles des provocations irresponsables», a-t-elle ajouté, estimant que la situation sur la péninsule était «sérieuse et imprévisible».

Montrer qu'il est maître de la situation

La chef de l'État a ainsi appelé l'armée à accroître sa vigilance le long des frontières avec le Nord, notamment près de la frontière maritime en mer Jaune.

L'exécution de Jang, accompagnée probablement d'une purge, est le bouleversement politique le plus important en Corée du Nord depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-un.

Les analystes sont partagés quant à la signification de ce grand coup de torchon au sommet : certains y voient un signe de la fébrilité du jeune dirigeant - âgé d'une trentaine d'années -, d'autres la manifestation de son pouvoir et son contrôle absolus, qui font qu'il n'hésite pas à se débarrasser d'un homme dont il n'a plus besoin.

Le dirigeant a multiplié les apparitions ces deux derniers jours devant les caméras, effectuant plusieurs visites, dans une ferme piscicole ou sur les lieux de construction d'une station de ski.

Kim «n'a pas pu retenir sa joie et ne pouvait s'empêcher de sourire», après avoir été informé de l'envolée de la production de poissons cette année, a rapporté l'agence officielle KCNA.

Pour Shin In-kyun, du centre d'études Korea Defense Network, le dirigeant «tente de montrer qu'il est maître de la situation et il veut rassurer la population, lui montrer que le régime est stable, même après la mort de Jang».

- Avec Jung Ha-won