Elles sont dans la trentaine, chacune mère d'un enfant. Elles sont pilotes accomplies, et accumulent les missions prestigieuses et héroïques. Mais seulement l'une d'elles deviendra la première Chinoise dans l'espace. Voici Liu Yang et Wang Yaping, deux aspirantes taïkonautes du programme spatial le plus ambitieux de l'heure.

Le vaisseau Shenzhou-9 et la fusée porteuse Longue Marche-2F sont prêts à être lancés. Il ne manque que les membres de son équipage. Et pas n'importe lesquels: deux hommes et une femme. La première taïkonaute de l'histoire.

Quarante-neuf ans après le vol historique de la Russe Valentina Terechkova, une Chinoise suivra ses traces très bientôt, peut-être bien samedi. Sept pays ont formé et envoyé des femmes dans l'espace et deux d'entre eux - les États-Unis et la Russie - ont envoyé leurs femmes astronautes à bord de leurs propres engins spatiaux. Les Chinoises devraient être les troisièmes à se balader dans l'espace à bord de vaisseaux nationaux.

Même si l'événement historique approche, l'identité de la nouvelle héroïne chinoise n'est toujours pas connue. Les autorités ont dévoilé les noms et photographies des deux candidates en lice: la majore Liu Yang et la capitaine Wang Yaping.

Les deux femmes seraient âgées de 34 ans, sont mariées et mères, militaires et membres de l'escadron Wuhan, et qualifiées de «pilotes exceptionnelles dotées de qualités mentales solides», ont révélé les médias chinois.

La première candidate, Liu Yang, est originaire de la province du Henan (Centre-Est). Elle est décrite comme une «pilote héroïque» qui a déjà réussi à poser d'urgence son engin après qu'une collision avec 18 pigeons eut maculé son pare-brise de sang. La seconde, Wang Yaping, de la province du Shandong (Est), a participé à des missions de sauvetage après le séisme du Sichuan, et piloté à l'occasion des Jeux de 2008 l'un des avions destinés à «l'ensemencement des nuages», cette technique controversée qui permettrait de balayer les nuages de pluie grâce à de la dispersion de gaz.

Des critères à respecter

Selon le site de nouvelles officielles China.org, les qualités recherchées chez une taïkonaute sont essentiellement les mêmes que chez ses compagnons. Sont rejetés les candidats qui souffrent de caries dentaires, de mauvaise haleine et d'odeurs corporelles désagréables (pour ne pas gêner les compagnons de l'habitacle), d'allergie à des médicaments, et qui présentent des cicatrices «qui pourraient saigner durant l'accélération», avait expliqué en 2009 un porte-parole du programme spatial chinois. Les taïkonautes doivent aussi impérativement obtenir la permission de leur conjoint avant de participer à une mission.

«La seule différence est que l'on préfère sélectionner une femme mariée pour des raisons de maturité à la fois physique et mentale», dit Zhang Jianqi, ancien directeur adjoint du programme spatial habité chinois. Les autorités chinoises disent craindre que le vol spatial, et l'exposition potentielle à des radiations, puissent affecter leur fertilité.

Selon China.org, les trois taïkonautes qui formeront l'équipage «devraient rester de 10 à 20 jours dans l'espace». La seule taïkonaute du trio aura droit à des toilettes et une couchette séparées et insonorisées de ses compagnons mâles pour respecter son intimité. Elle aura aussi droit à plus d'eau que ses collègues pour terminer sa toilette. Elle pourra même apporter «quelques cosmétiques», a déclaré à China.org Pang Zhihao, de l'Académie chinoise des technologies de l'espace.

L'équipage ira rejoindre le module Tiangong-1 (Palais céleste, en mandarin), en orbite depuis 255 jours autour de la Terre.

Depuis son premier vol habité en 2003, la Chine a envoyé six astronautes dans l'espace.

Photo: AFP

Wang Yaping (à gauche) et Liu Yang.