Le Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté lundi le Cambodge et la Thaïlande à observer «un cessez-le-feu permanent» à leur frontière après les affrontements armés la semaine dernière mais il n'est pas question pour les Nations unies d'envoyer des casques bleus.

«Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur profonde inquiétude concernant les récents affrontements entre le Cambodge et la Thaïlande». Ils «ont appelé les deux parties à faire preuve d'un maximum de retenue et à éviter toute action qui pourrait aggraver la situation», a déclaré Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, ambassadrice du Brésil à l'ONU qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité pour février.

«Les membres du Conseil de sécurité ont exhorté les parties à établir un cessez-le-feu permanent, à le respecter pleinement et à résoudre la situation pacifiquement par un dialogue efficace», a-t-elle ajouté.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu lundi une réunion à huis clos sur les affrontements armés entre la Thaïlande et le Cambodge.

Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères Kasit Piromya, celui du Cambodge Hor Namhong et celui d'Indonésie Marty Natalegawa, qui a tenté une médiation entre les deux pays, se sont exprimés devant le Conseil.

Le Conseil, a-t-elle dit, soutient les efforts de médiation de l'Asean (l'Association des nations du sud-est asiatique).

L'idée, a-t-elle dit, «est de travailler en synergie avec les efforts régionaux et les efforts régionaux sont actuellement en pleine action», a-t-elle dit.

Les deux voisins s'accusent mutuellement d'avoir déclenché la crise. Au moins dix personnes ont été tuées lors d'affrontements à l'arme lourde la semaine dernière, dont sept côté cambodgien.

Ils se disputent une zone frontalière qui abrite le temple de Preah Vihear, des ruines du XIe siècle attribuées au Cambodge, mais dont le classement par l'Unesco en 2008 avait provoqué la colère des nationalistes thaïlandais.

Plusieurs secteurs de la frontière n'ont pas été délimités.

Si le Cambodge a obtenu satisfaction sur sa demande d'un cessez-le-feu permanent, en revanche il n'a pas reçu l'assentiment de l'ONU pour l'envoi de Casques bleus dans la zone contestée.

Le chef de la diplomatie cambodgienne a accusé la Thaïlande d'utiliser des bombes à sous-munitions, ce que son homologue thaïlandais a nié farouchement.

M. Namhong a parlé de «l'agression contre le Cambodge dans laquelle ils utilisent des munitions à sous-munitions interdites par la communauté internationale».

«Nous démentons tout cela et nous n'avons pas tiré les premiers. C'était une réponse», a de son côté affirmé M. Piromya qui a insisté sur les vertus d'un dialogue bilatéral pour résoudre le conflit.

Le Cambodge insiste au contraire pour une médiation.

«Il n'y a pas besoin» de présence de l'ONU sur place et cet aspect n'a pas été discuté lundi matin pendant la réunion, a dit M. Piromya. «C'est une négociation frontalière» à deux. «Cela prends du temps, on doit être patient», a-t-il dit, prenant l'exemple des négociations frontalières entre la Chine et la Russie qui ont duré des décennies.

Il a expliqué qu'il n'avait pas rencontré son homologue cambodgien en tête-à-tête à New York, mais qu'il y aurait une occasion de le faire lors d'une réunion des chefs de la diplomatie de l'Asean à Djakarta le 22 février.

Le ministre indonésien des Affaires étrangères a souligné qu'à l'évidence, «c'est une question qui devra être résolue en dernière analyse de façon bilatérale entre les deux parties, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas un espace et un rôle à jouer pour les pays de la région».