(Viña del Mar) Au moins 46 personnes ont été tuées dans des incendies de forêt qui ravagent le centre et le sud du Chili, a annoncé samedi le président chilien Gabriel Boric, ajoutant que ce bilan n’était que provisoire.  

Après une accalmie, les incendies ont repris dans la région touristique de Valparaiso, où se trouve la célèbre station balnéaire de Viña del Mar dont les plages sont prisées en cette période de l’été austral marqué par des températures caniculaires.  

Les flammes ont ravagé samedi près de 43 000 hectares notamment sur la côte pacifique, selon la ministre de l’Intérieur, Carolina Toha.

PHOTO JAVIER TORRES, AGENCE FRANCE-PRESSE

La ministre de l’Intérieur a fait état de 92 incendies actifs, dont 40 sous contrôle.

« Quarante personnes ont été tuées dans les incendies, et six autres (sont mortes) des suites de brûlures », a déclaré le chef de l’État après avoir survolé la région en hélicoptère. « Nous savons que ces (chiffres) vont augmenter ».

« En l’espace d’une minute, nous avons tout perdu », a affirmé, effondré en larmes, Luis Vial, un retraité de 69 ans, devant les décombres de sa maison, dans le quartier de Villa Independencia, sur les collines de Valparaiso, où 19 victimes ont été découvertes.

« C’est une catastrophe sans précédent, la région de Valparaiso n’a jamais connu une situation de cette ampleur », a déclaré Macarena Ripamonti, maire de Viña del Mar, située à une centaine de kilomètres à l’ouest de Santiago.

Des vents violents attisaient les flammes et une chape de fumée noire recouvrait les rues, où les explosions se succédaient, ont constaté des journalistes de l’AFP.  

Les autorités ont instauré un couvre-feu nocturne à partir de 21 h locale (19 h heure de l’Est), afin de faciliter l’approvisionnement en carburant aux équipes d’urgence, « une priorité » selon le sous-secrétaire au ministère de l’Intérieur, Manuel Monsalve.  

De nouveaux appels à l’évacuation ont été lancés, sans qu’il ne soit possible de savoir combien d’habitants étaient restés chez eux.

Au total, 92 incendies étaient actifs samedi à la mi-journée, dont 40 sous contrôle, principalement dans la région de Valparaiso mais également dans le centre et le sud du pays, a annoncé la ministre de l’Intérieur.

« Un enfer »

Sur les collines de Valparaiso, où les rues sont jonchées de centaines de voitures calcinées, des milliers de personnes ont pu découvrir samedi matin leurs maisons détruites.

« C’était un enfer, des explosions. J’ai essayé d’aider mon voisin à éteindre sa voiture, ma maison commençait à brûler par derrière. C’était une pluie de cendres », a raconté à l’AFP Rodrigo Pulgar, un chauffeur qui a perdu sa maison à El Olivar, l’un des secteurs les plus dévastés par les flammes.

Les pompiers luttent sans relâche depuis vendredi contre des dizaines de foyers dans les régions de Valparaiso et O’Higgins dans le centre, mais aussi de Maule, Biobio, La Araucania et Los Lagos, dans le sud.

« La priorité, ce sont les incendies de la région de Valparaiso, en raison de leur proximité avec les zones urbaines », a déclaré la ministre de l’Intérieur.

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Vue aérienne sur un quartier de Viña del Mar qui a été en grande partie détruit par le feu.

Il s’agit de zones situées entre 80 et 120 km au nord-ouest de Santiago, riches en entreprises viticoles, agricoles et forestières.  

Le président Boric a décrété vendredi l’état d’exception afin de « disposer de tous les moyens nécessaires » face à la progression des incendies. Quatorze navires et cinq hélicoptères ont été mobilisés pour lutter contre les incendies.  

« Une pluie de cendres brûlantes »

« Nous avons reçu une alerte sur le portable et une pluie de cendres brûlantes a commencé à tomber », avait confié plus tôt Yvonne Guzman, jointe au téléphone par l’AFP.

Cette femme de 63 ans, qui a abandonné sa maison à Quilpué, une ville située à 90 kilomètres au nord-est de Santiago, s’est retrouvée bloquée plusieurs heures dans sa voiture, avec sa belle-mère nonagénaire, en raison du grand nombre de personnes cherchant comme elle à fuir les flammes.  

Depuis mercredi, la température frôle les 40 degrés dans le centre du Chili et la capitale Santiago.

« Ces épisodes sont de plus en plus récurrents, c’est pourquoi nous voyons tous les ans des records historiques de températures », a expliqué à l’antenne chilienne de la chaîne CNN Pablo Lobos Stephani, chargé de la protection contre les incendies à l’office national des forêts chilien Conaf.

Cette canicule résultant du phénomène climatique El Niño touche actuellement le cône sud de l’Amérique latine, en pleine période estivale, provoquant des incendies de forêt aggravés par le réchauffement climatique. Après le Chili et la Colombie, la vague de chaleur menace dans les prochains jours l’Argentine, le Paraguay et le Brésil.