(Le Caire) L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a appelé mercredi le Soudan à lui délivrer des visas pour soutenir l’un des derniers hôpitaux du pays, où la guerre a mis à l’arrêt les trois-quarts des établissements de santé.

« Nous attendons depuis plus de huit semaines des visas pour des chirurgiens, des infirmiers et d’autres spécialistes », affirme MSF dans un communiqué.

La guerre a déjà fait en 16 semaines environ 4000 morts – un bilan très sous-estimé – et plus de quatre millions de déplacés et réfugiés.

« Les visas de nombreux soignants » qui aident l’Hôpital turc de Khartoum « vont bientôt expirer » et « nous avons une équipe prête à partir, mais empêchée de le faire, car elle n’a pas de visa », explique Claire Nicolet, en charge des opérations d’urgence de MSF au Soudan.

De mi-juin à fin juillet, MSF dit avoir traité plus de 3800 patients à l’Hôpital turc, dont plus de 200 enfants, des services cruciaux dans l’un des pays les plus pauvres au monde qui s’enfonce désormais dans le chaos.  

Des milliers de corps jonchent encore les rues, empêchant d’établir un bilan précis et créant un risque sanitaire, et aucun front ne se dessine entre belligérants.

Depuis le début de la guerre le 15 avril entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), les humanitaires n’ont cessé de réclamer des accès, accusant la bureaucratie soudanaise d’entraver leurs mouvements.

Les visas, détaille ainsi MSF, ne peuvent plus être retirés qu’à Port-Soudan, ville côtière de l’Est épargnée par les combats, mais souvent inaccessible depuis les zones de combat à Khartoum ou au Darfour (ouest) où les humanitaires sont réclamés.

La situation sanitaire s’aggrave chaque jour : outre la guerre, les 48 millions de Soudanais doivent désormais aussi composer avec la famine et les pluies qui charrient leur lot d’épidémies, du paludisme au choléra.

« Plus de 40 % de la population souffre de la faim, le double de l’an dernier », rappelle ainsi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et ce, avec un « accès restreint aux médicaments, aux équipements de santé, à l’électricité et à l’eau ».

La coordonnatrice de l’action humanitaire de l’ONU au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, alerte, elle, sur le sort du million de réfugiés dans ce pays : « ils doivent pouvoir fuir les combats en sécurité ».

Selon l’Agence soudanaise aux réfugiés, 600 réfugiés d’Érythrée, 300 d’Éthiopie et 200 de République démocratique du Congo, ont été évacués par camions de Khartoum vers Gedaref (sud).