(Soweto) Un vote, un vaccin : l’Afrique du Sud, en retard dans sa campagne d’immunisation contre la COVID-19, a profité lundi des élections locales pour inoculer des doses dans des cliniques éphémères installées près des bureaux de vote.

Plus de 26 millions de Sud-Africains étaient appelés à choisir leurs représentants dans quelque 250 municipalités. Un scrutin à haut risque pour le parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, le Congrès national africain (ANC), qui pourrait pour la première fois passer sous la barre des 50 % des voix.  

Malgré l’épidémie de complotisme

Sous une tente installée bien en vue depuis les isoloirs d’un bureau de vote du township de Soweto, dans la banlieue de Johannesburg, Jabulani Twala, un agent de sécurité de 47 ans, s’est fait vacciner avant d’aller mettre son bulletin dans l’urne, malgré des appréhensions.

Les gens m’ont dit que je mourrais du vaccin, que je deviendrais stérile et qu’on m’implanterait une puce électronique.

Jabulani Twala

D’abord en difficulté pour se fournir en vaccins, l’Afrique du Sud fait désormais face aux réticences d’une partie de la population.  

Un millier de cliniques comme celle-ci ont été installées près des 23 000 bureaux de vote à travers le pays, ciblant des quartiers où le recours à la vaccination est faible.

Dans certains endroits, les files d’attente pour le vaccin étaient aussi longues que celles aux bureaux de vote.  

« D’habitude, nous vaccinons 300 personnes par jour ici, mais aujourd’hui nous avons connu un afflux » s’est félicité Anne Simango, infirmière à la clinique éphémère de Soweto.

Le vaccin, oui, le vote, non merci

Masego Molebatsina, étudiante de 19 ans, a elle aussi profité de ces installations pour se faire vacciner. Mais « je ne voterai pas, c’est une perte de temps », assène-t-elle. Le vaccin, en revanche, « sauve des vies », dit-elle.

Avec plus de 2,9 millions de cas, dont 89 000 décès, l’Afrique du Sud est officiellement le pays africain le plus touché par le virus.  

Environ 31 % de la population adulte est entièrement vaccinée à ce jour et le pays a commencé à vacciner les enfants à partir de douze ans. Les autorités ont pour objectif d’immuniser les deux tiers de la population de 59 millions d’ici janvier.

L’OMS a prévenu la semaine dernière que sauf accélération significative, seulement cinq pays africains (Seychelles, île Maurice, Maroc, Tunisie, Cap-Vert) atteindront l’objectif fixé au niveau mondial de 40 % des populations vaccinées à la fin de l’année.