(Addis Abeba) Le gouvernement éthiopien a dénoncé jeudi l’« alliance destructrice » dévoilée cette semaine entre les rebelles de la région du Tigré, qui combattent l’armée fédérale depuis plus de neuf mois, et un groupe de l’Oromia, la plus grande région du pays.

Le groupe oromo, qui s’est baptisé Armée de libération oromo (OLA), mais que les dirigeants fédéraux appellent OLF-Shane, a rendu publique cette alliance mercredi, tout en précisant à l’AFP que « l’accord en est à un stade très précoce ».

« Elle est basée sur la compréhension commune que la dictature (du premier ministre Abiy Ahmed, NDLR) doit être renversée », a déclaré le porte-parole de l’OLA, Odaa Tarbii. « À ce stade, nous partageons des informations et coordonnons notre stratégie », a-t-il ajouté.

Les rebelles tigréens, connus sous le nom de Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), ont confirmé dans un communiqué jeudi soir avoir fait un accord avec l’OLA pour « combattre la clique destructrice […] qui plonge le pays et la population dans l’abîme ».

Interrogé à ce sujet jeudi après-midi en conférence de presse, la porte-parole du premier ministre, Billene Seyoum, a rappelé que le Parlement avait classé ces deux groupes comme terroristes en mai.  

« Ce n’est pas surprenant pour le gouvernement fédéral », a-t-elle déclaré : « Le gouvernement indique depuis plus de deux ans que le TPLF utilise Shane comme coursier dans sa mission destructrice ».

Les deux groupes « ont reconnu qu’ils travaillaient à l’unisson pour mener des activités destructrices contre la stabilité de la nation », a-t-elle ajouté.  

L’OLA, qui compterait quelques milliers de membres, est une émanation du Front de libération de l’Oromo (OLF), parti d’opposition dont les dirigeants sont revenus d’exil après l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed en 2018.

Le gouvernement d’Abiy a récemment accusé l’OLA de massacres visant les Amhara, deuxième groupe ethnique du pays. L’OLA a nié toute responsabilité.

L’armée éthiopienne combat au Tigré depuis novembre, date à laquelle M. Abiy a envoyé des troupes pour destituer les autorités régionales dissidentes, issues du TPLF. Selon le prix Nobel de la paix 2019, cette opération répondait à des attaques contre des camps de l’armée ordonnées par le TPLF.

Alors qu’Abiy promettait une victoire rapide, neuf mois plus tard, les forces pro-TPLF ont repris le contrôle de l’essentiel du Tigré et progressé dans les régions voisines de l’Afar et de l’Amhara.  

Le TPLF, qui a dominé la politique nationale éthiopienne pendant près de trois décennies jusqu’en 2018, a déclaré qu’il ne cherchait pas à reconquérir le pouvoir, mais souhaitait libérer les accès à la région pour permettre à l’aide humanitaire d’arriver et empêcher les forces progouvernementales de se regrouper.

Mardi, le gouvernement a appelé « tous les Éthiopiens aptes et majeurs » à rejoindre les forces armées.  

« Le gouvernement et le peuple éthiopien déploieront tous les moyens nécessaires pour empêcher le TPLF terroriste de plonger le pays dans une nouvelle instabilité », a déclaré Billene Seyoum.