Une Sud-Africaine reconnue coupable de l'enlèvement d'un nouveau-né il y a 19 ans dans une maternité du Cap pour l'élever ensuite comme sa fille a été condamnée lundi par la justice à dix ans de prison.

«Nous avions demandé 15 ans, mais en précisant que nous serions satisfaits si une partie était du sursis et qu'elle écope de dix ans. Nous sommes contents» du jugement, a indiqué lundi Eric Ntabazalila, le porte-parole du parquet, devant les marches du tribunal.

«Vous ne pouvez pas voler un enfant et espérer que la société ou la justice accepte ça. C'est un crime», a-t-il ajouté.

En rendant sa sentence, le juge John Hlophe a estimé que le crime était prémédité et trop grave pour échapper à une peine de prison, selon le site internet News24.

Le magistrat a néanmoins retenu certaines circonstances atténuantes, comme son casier judiciaire vierge.

La kidnappeuse dont le nom n'est pas révélé pour protéger sa victime avait enlevé un bébé de trois jours prénommé Zephany, dans la maternité Groote Schuur du Cap. Elle l'avait ensuite élevée exactement comme sa fille.

«Maintenant je veux construire une relation avec ma fille, c'est tout», a déclaré à l'AFP à sa sortie du tribunal Morne Nurse, le père biologique de Zephany.

«Cette histoire m'a rendu complètement malade, ça m'a épuisé», a-t-il poursuivi.

Pendant le procès, Celeste Nurse la mère biologique de Zephany avait raconté ses souvenirs du moment précis où son enfant a disparu.

«J'ai vu une personne à la porte de ma chambre», habillée comme une infirmière, avait décrit Mme Nurse qui se souvient être alors assoupie sous l'effet de médicaments.

Cette personne «m'a demandé: est-ce que je peux prendre le bébé?. J'ai dit «oui» et c'est tout ce dont je me souviens», avait-elle poursuivi.

Remords

Le juge n'a pas retenu la version de l'accusée, aujourd'hui âgée de 52 ans, qui assurait avoir payé quelqu'un pour lui trouver un enfant et avoir récupéré Zephany dans une gare de la ville du Cap.

Il l'avait reconnue coupable d'enlèvement en mars avant de la placer en détention provisoire.

«Le tribunal dit qu'elle n'a pas de remords, mais la première chose qu'elle dit c'est qu'elle est désolée pour Zephany», a affirmé lundi une proche de la «kidnappeuse».

L'affaire a éclaté début 2015, lorsque des lycéens ont remarqué une troublante ressemblance entre Zephany, qui entrait alors en classe de terminale, et Cassidy Nurse, une nouvelle élève de son établissement du Cap, plus jeune qu'elle.

Les parents de Cassidy ont contacté la police, et les tests ADN ont révélé que la jeune fille était effectivement leur enfant.

Sans le savoir, la famille Nurse avait vécu à quelques kilomètres seulement de leur fille kidnappée. Chaque année, ils célébraient son anniversaire, ne perdant pas espoir de la retrouver.

Selon la presse sud-africaine, la jeune fille aurait vécu une enfance heureuse et aurait toujours cru que ses parents adoptifs étaient sa vraie famille.

Lundi, à l'issue du procès, sa grand-mère biologique a affirmé que Zephany attendait un enfant.

Selon des médias locaux, la jeune fille aujourd'hui âgée de 19 ans, est retournée vivre dans la maison où elle a grandi, avec l'homme qu'elle a toujours pris pour son père.