Le ministre égyptien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur britannique au Caire, dimanche, pour contester ses critiques envers la condamnation de trois journalistes du réseau anglophone d'Al-Jazeera - dont le Canadien Mohammed Fahmy - à trois ans de prison pour avoir rapporté de «fausses nouvelles».

Dans un communiqué, le ministre égyptien a affirmé que les propos de John Casson constituaient une «ingérence inacceptable» dans le processus judiciaire du pays et que son comportement était «incompatible avec les normes et pratiques diplomatiques».

Le porte-parole du ministre Ahmed Abu Zeid a ajouté sur son compte Twitter que l'Égypte «rejetait toute critique étrangère des jugements».

Un tribunal a condamné samedi à trois ans de prison les trois journalistes, suscitant l'émoi de plusieurs organismes en faveur de la liberté de la presse et de nombreux pays.

Lors d'un discours présenté à la télévision, l'ambassadeur Casson a affirmé en arabe qu'il était «choqué et inquiet des condamnations». Selon lui, l'affaire est d'un «intérêt profond pour les Égyptiens», puisque le jugement pourrait «ébranler la confiance» des autres pays sur la stabilité de l'Égypte.

Plusieurs autres diplomates étrangers ont écorché le tribunal égyptien, mais M. Casson est probablement le seul à avoir formulé ses critiques en arabe, directement sur les réseaux de télévision du pays. Les États-Unis, l'Union européenne et les Nations unies ont également vertement dénoncé le verdict.

M. Casson s'est également attiré les foudres de plusieurs internautes alors que ses propos avaient été publiés sur le compte Facebook de l'ambassade britannique.

John Casson s'est entretenu dimanche avec Hisham Seif al-Din, le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères Sameh Shoukry, a confirmé l'ambassade.

«L'ambassadeur Casson a expliqué la position du Royaume Uni sur le jugement de la cour», a-t-on expliqué dans un communiqué. M. Casson fera état des inquiétudes de l'Égypte auprès des ministres britanniques à Londres, a ajouté l'ambassade.

Le procès du Canadien Mohammed Fahmy, de l'Australien Peter Greste et de l'Égyptien Baher Mohammed a été contesté de toutes parts, les uns affirmant que les preuves n'étaient pas suffisantes et les autres accusant le tribunal été influencé par des motivations politiques.

Les trois journalistes réclament désormais un pardon du président Abdel Fattah al-Sissi, qui avait d'ailleurs exprimé des regrets quant à ce procès qui a entaché la réputation de l'Égypte auprès de la communauté internationale. Ils porteront également leur cause en appel dès que le verdict complet sera délivré dans les 30 prochains jours.

L'avocate de Mohammed Fahmy, Amal Clooney, a affirmé qu'elle et l'ambassadeur canadien Troy Lulashnyk rencontreraient des représentants égyptiens pour demander ce pardon.

Le procès de longue haleine s'inscrit dans le contexte d'un conflit politique entre l'Égypte et le Qatar, d'où est issu le réseau Al-Jazeera. Le Qatar est un grand allié des Frères musulmans, une organisation considérée comme terroriste en Égypte.