L'ex-rébellion congolaise Mouvement du 23 mars (M23), défaite il y a près d'un an dans l'est de la République démocratique du Congo, s'est dite vendredi «scandalisée» par les accusations de graves exactions contenues dans un rapport de l'ONU.

«Nous sommes scandalisés par le rapport dont font état les médias sur des prétendus crimes» que le Bureau des droits de l'Homme de l'ONU «imputerait au Mouvement du 23 Mars», dénonce dans une «mise au point» Bertrand Bisimwa, président en exil de la branche politique de l'ex-rébellion.

Ce Bureau a publié jeudi un rapport accusant des membres du M23 d'avoir tué, violé ou torturé plusieurs centaines de personnes entre avril 2012 et novembre 2013, mais estime que «le nombre total de victimes pourrait être beaucoup plus élevé».

Ces violations des droits de l'Homme pourraient dans certains cas «constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité», ajoute-t-il, recommandant «aux autorités congolaises d'ouvrir des enquêtes judiciaires approfondies, rigoureuses et impartiales» et de «traduire tous les auteurs de ces crimes en justice».

M. Bisimwa estime que, selon les éléments dont il dispose, le rapport «n'est fondé que sur des propos recueillis et non des faits observés ou établis» et il réitère sa demande d'une «enquête indépendante» dans les zones que le M23 a administrées dans la province du Nord-Kivu (Est).

Il accuse en outre les auteurs du rapport de manipulation et de partialité, notamment parce qu'ils «se taisent sur la responsabilité engagée» de l'armée congolaise et de la Mission de l'ONU (MONUSCO) «dans des massacres de centaines de civils» fin juillet 2013, au cours d'offensives conjointes contre le M23.

La rébellion du M23 est partie en avril 2012 d'une mutinerie d'anciens rebelles intégrés dans l'armée congolaise et a été vaincue début novembre 2013 après avoir érigé un quasi-État dans les zones du Sud du Nord-Kivu sous son contrôle.

Conformément à ses engagements pris à la fin du conflit pour accélérer la réconciliation nationale, la RDC a adopté en février une loi d'amnistie couvrant les faits de guerre et d'insurrection commis entre début 2006 et fin 2013.

Plus de 200 membres du M23 qui en avaient fait la demande ont bénéficié de cette amnistie, qui exclut les auteurs présumés de graves violations des droits de l'Homme, soit une centaine de cadres de la branche militaire du M23, accusés par la RDC et l'ONU de nombreuses atrocités.

Dans un communiqué publié vendredi, le mouvement de jeunes militants Lutte pour le changement (LUCHA), basé au Nord-Kivu, salue le rapport onusien et ses recommandations mais dénonce l'«hypocrisie» de l'ONU et de la communauté internationale.

«Tout en étant conscientes que des crimes graves avaient été commis par le M23», Nations unies et communauté internationale avaient «milité pour l'adoption d'une loi d'amnistie [...] avant un processus qui aurait pu permettre d'identifier les auteurs des [...] crimes non amnistiables», écrit-il.

Lucha demande en outre à Kinshasa et à la communauté internationale de «tout mettre en oeuvre pour que le Rwanda et l'Ouganda puissent, immédiatement et sans condition, remettre tous les éléments du M23» qui se sont réfugiés sur leur sol après la défaite.

Le Rwanda et l'Ouganda, voisins de la RDC, sont accusés par l'ONU et diverses ONG congolaises et internationales d'avoir soutenu en armes, en munitions et en hommes le M23. Des accusations que ces deux pays ont toujours démenties.